A l’aide de vues tournées en 1917 et 1918, le film présente les paysages, la vie des troupes et les activités en Alsace après la reconquête. (1)

Vue de différents visages de l’Alsace : la vallée industrielle de Vieux-Thann, des maisons traditionnelles sous la neige à Willer-sur-Thur, une vue panoramique plongeante sur Sewen, les rues pavoisées d’une petite ville, filmées depuis une voiture, enfin, des Alsaciennes en costume auprès de la fontaine de Masevaux et des vétérans de la guerre de 1870. " Aux accents joyeux des fanfares ", le 28e bataillon de chasseurs alpins procède à la relève de la garde à Saint-Amarin sous le regard des passants (2).
Dans cette région, les soldats sont aux prises avec le climat et le relief : à Bussang, les itinéraires doivent être dégagés au chasse-neige ou à la pelle et les voies d’accès, notamment pour l’artillerie, doivent être entièrement construites (2). Près de Guebwiller, seule l’artillerie de montagne (canon de 65 mm) chargée sur des mulets peut prendre part à l’action (3). Près de Willer, le ravitaillement des sommets se fait par convois muletiers. Au col du bonhomme près de l’ancienne frontière, une locomotive Baldwin circule sur voie de 0,60 Decauville et des chevaux sont attelés à des wagons (4). Des chasseurs alpins entraînent des chiens d’Alaska attelés à leurs traineaux (5). Différents véhicules empruntent les routes enneigées. A La Croix-Charpentier, des soldats passent dans les tranchées « consolidées par une série de blockhaus et de postes avancés ». Des patrouilles sont équipées de blouses blanches de camouflage (6). En cas d’alerte, des soldats sortent de leurs abris et courent derrière le parapet se mettre en position de tir. Dans les bois dévastés, des observatoires sont installés dans ce qui reste des plus hauts arbres. A Chevannes-sur-L’étang, des soldats s’entraînent au lancer de grenade.
" Les Barbares n’ont rien épargné " dans un village que traversent quelques fantassins. De l’église d’Aspach-le-Haut il ne reste plus que la façade. Michelbach et Burnhaupt sont en ruine. (7)
" Grâce au dévouement des soldats, la vie a repris " dans les champs, dans la carrière de Lauw, dans les jardins. A Saint-Amarin, une filature, dont on découvre les ateliers, poursuit son activité (8). Le général Demetz assiste à la distribution solennelle des prix dans une école de la ville (9). Raymond Poincaré, président de la République, vient rendre visite à l’Alsace en compagnie du roi d’Italie (10). A Masevaux où ils sont attendus, civils et militaires fraternisent devant la caméra. Les pompiers sont alignés, en uniforme de 1870, et les vétérans attendent, chapeau sur la tête. Puis les deux chefs d’Etat descendent de voiture et passent en revue les troupes en compagnie du général Duparge, avant de se rendre au cimetière militaire de Moosch. A Paris, place de la Concorde, les délégués des villes et des campagnes de France défilent devant la statue de Strasbourg (11) et témoignent de l ’" inébranlable attachement de la France à l’Alsace et à la Lorraine, arrachées par la force ".
Médaillon de la section cinématographique de l’armée française.

Notes :
Métrage d'origine inconnu ; métrage conservé 408 m.
1+20 cartons bilingues en français et en anglais.
Film n° 666 dans la numérotation d'origine et dans le catalogue " Les films militaires français de la première guerre mondiale ", Françoise Lemaire, 1997.
Il existe un extrait dans une copie avec cartons teintés sous la référence FT 2816.

(1) Un tournage de Charles Lemoine en août 1917 porte le titre En Alsace reconquise (n° 646) mais les images ne correspondent qu’en partie.
(2) Chasse-neige et travail sur les routes sous la neige ; relève de la garde à Saint-Amarin, maisons sous la neige à Willer, convoi de mulets : compte rendu de tournage n° 1078 de Lemoine le 11/01/1918. Reportage photographique SPA 25 IS.
(3) Manœuvre d’un 65 mm de montagne : compte rendu de tournage n° 647 de Charles Lemoine, à Guebwiller le 18/08/1917.
(4) Locomotive Baldwin sur voie étroite au col du Bonhomme et train sur voie ferrée camouflée en tunnel, ancienne frontière au col du Bonhomme : compte rendu de tournage n° 248 d’Edgar Costil en avril 1917. Reportage photographique SPA 11 W.
(5) Chiens d’Alaska et traineaux : compte rendu de tournage n° 1214 de Charles Lemoine au Tanet, le 09/03/1918. Reportage photographique SPA 30 IS.
(6) Tranchée, blockhaus et patrouilleurs en tenue blanche : compte rendu de tournage n° 29 de Lemoine et Costil à La Croix-Charpentier (27/02 au 02/03/1917). Reportage photographique SPA 10 W.
(7) Aspach-le-Haut, Michelbach, Eglingen en ruine : compte rendu de tournage n° 112 d’Edgar Costil les 8-11/04/1917. Reportage photographique SPA 10 W.
(8) Filature à Saint-Amarin : compte rendu de tournage n° 596 de Lemoine le 08/08/1917. Aucune correspondance photo.
(9) Distribution des prix avec le général Demetz, petites Alsaciennes, vétérans avec chapeaux : compte rendu de tournage n° 597 de Lemoine le 06/08/1917. La distribution des prix est également filmée par Costil. Reportage photographique SPA 62 A.
(10) Visite du roi d’Italie : compte rendu de tournage n° 807 de Lemoine le 26/09/1917. Reportage photographique SPA 222 M et SPA 3 CL (cimetière de Moosch).
(11) Défilé à Paris devant la statue de Strasbourg : compte rendu de tournage n° 469 de Frank Daniau-Johnston le 14/07/1917. Reportage photographique SPA 14 W.