Après la fixation du front, la forêt doit fournir aux armées française et alliées des volumes de bois considérables pour des usages multiples : chauffage et boulange, bois durs pour l'artillerie et le génie (affûts de canons, attelages des pièces lourdes, traverses de chemin de fer), bois tendres pour les fortifications de campagne (étayage d'ouvrages, clayonnage, abris et baraquements) ainsi que pour l'aviation, de plus en plus consommatrice de bois légers. Il est possible que certains hommes filmés ici appartiennent au corps des chasseurs forestiers.

Description des rushes :
A Nanteuil-la-Fosse (Aisne), le 29 octobre 1917, des fantassins et des chasseurs coiffés de la tarte arrivent sur un chantier forestier et se mettent au travail : abattage à la hache et à la scie passe-partout, ébranchage des houppiers. On abat aussi de petits arbres pour la fabrication de fascines et de gabions. A Pourcy, près de Nanteuil-la-Fosse, on fabrique du charbon de bois ; un tombereau apporte des fascines pour consolider une zone boueuse. Des hommes démontent une meule après la combustion et récoltent le charbon de bois pour le mettre en sacs (TC 00:06:06) ; d'autres démarrent la combustion d'une nouvelle meule en alimentant la cheminée centrale avec des braises ; deux hommes en construisent une troisième qu'ils recouvrent de terre.
A Pourcy, des hommes entassent des poteaux télégraphiques. Dans une scierie, le travail est filmé en travelling depuis un wagonnet sur une voie de 0,40 m. Les soldats rangent des planches, des bastaings, des caillebottis et montrent à la caméra des éléments préfabriqués pour les baraquements : portes, fenêtres, cloisons, échelles.

Plan panoramique sur une forêt à exploiter, ouvrant sur un fondu enchaîné (TC 00:11:29). (1)

Dans une scierie située sur la route de Jonchery à Reims, des soldats menuisiers fabriquent des auges, des caillebottis, des éléments de charpentes pour baraquements qui sont entreposés ; à proximité, une équipe abat un gros arbre. En forêt, un homme découpe du petit bois à la serpe, un autre des rondins avec une scie à cadre ; une équipe brûle les restes. A l'atelier (TC 00:17:07) on débite les troncs à la scie circulaire.
Plan panoramique sur les stocks rangés en sous-bois par sections ; une équipe de scieurs au travail.

Quelques séquences montrent la pose et l'utilisation des éléments fabriqués : caillebottis au pied d'une citerne et en fond d'une tranchée, remplissage de gabions avec des pierres, claies étayant un boyau (près de Reims, dans le secteur de la butte de tir). Deux hommes tressent le cylindre d'un gabion (TC 00:21:47), d'autres aiguisent une hache à la meule, fabriquent une claie et une fascine sur des chevalets.

Notes :
Compte rendu de tournage n°944 d'Henri Stuckert du 29/10/1917 au 06/11/1917 dans la Marne ; métrage initial 465 m. Reportage photographique SPA 20 IS de Gustave Alaux.
(1) Il ne s'agit pas d'un montage mais d'un fondu réalisé par Henri Stuckert en prise de vue réelle, comme en atteste le compte rendu de tournage.