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Salle de torture dans une des baraques du camp du Struthof.

Photographe(s) : Raoul, Jean, Baptiste Vignal



Informations techniques

Procédé original Négatif
Format d'origine 6x6
Support d'origine Nitrate
Couleur Noir et blanc
Orientation portrait

Propriétés

Référence TERRE 10090-R1
Date de début 07/02/1945
Date de fin 07/02/1945
Photographe(s) Raoul, Jean, Baptiste Vignal -
Lieu(x) Bas-Rhin - Camp du Struthof - Natzwiller -
Origine SCA
Mention obligatoire © Raoul Vignal/ECPAD/Défense

La photographie est issue du reportage suivant :

Le camp de concentration du Struthof.

Voir la notice du reportage

Description du reportage

Le camp de concentration de Natzweiler-Struthof où des milliers de déportés ont été exécutés ou bien sont morts d'épuisement à la suite de maladies, de mauvais traitements, de manque de soins, de privations ou de travaux exténuants, est l'unique camp de concentration implanté sur le territoire français, à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg (1). Construit à partir du 21 mai 1941 et prévu initialement pour un effectif d'environ 2 000 détenus, le camp a compté jusqu'à 8000 déportés à l'automne 1944. Il fut d'abord occupé par des droits communs allemands, puis par des déportés de différentes nationalités : Polonais, Soviétiques, Néerlandais, Français, Allemands, Norvégiens. C'est le 3 juillet 1943 que le premier transport de déportés français "Nacht und Nebel" (nuit et brouillard) est arrivé au Struthof, suivi de deux autres transports les 12 et 15 juilllet 1943 (2). A partir d'août 1944, au fur et à mesure de l'avance des troupes alliées, les détenus ont été transférés vers le camp de Dachau, puis l'évacuation du camp s'est poursuivie jusqu'au 4 septembre 1944. Lorsque le camp a été libéré le 23 novembre 1944 par les troupes alliées, il était vide.

Le reportage permet d'effectuer une visite du camp, tel qu'il a été découvert, avec quelques scènes reconstituées par des prisonniers. Couvrant une superficie d'environ 4,5 hectares, il est entouré de huit miradors et d'une double clôture électrifiée, à l'intérieur de laquelle ont été édifiés 18 baraquements. Au centre du versant où est implanté le camp se trouvent des plates-formes centrales disposées en gradins et reliées les unes aux autres par des escaliers et qui constituent les places d'appel. De chaque côté, on compte 15 baraques en bois destinées aux déportés, qui comprennent un dortoir, un réfectoire, des lavabos, des toilettes pour 300 personnes. En 1944, ce nombre fut vite dépassé ; les réfectoires servirent alors de dortoirs, et les déportés furent entassés tête-bêche à deux, trois, parfois quatre par châlit, comportant trois étages superposés.
Dans un bâtiment situé dans la partie inférieure du camp a été installé un four crématoire. Les cadavres étaient placés sur un brancard métallique muni de roulettes à l'avant, et introduits dans le four qui était chauffé au coke. Une salle voisine contient des urnes funéraires destinées à recueillir les cendres des détenus allemands incinérés. À côté, on observe un tas de cheveux et de poils de détenus, dont les cadavres étaient systématiquement tondus avant de passer au crématoire (à la libération, il en restait 29 kilos). En avançant un peu plus dans le couloir, on découvre la "partie médicale" du bâtiment. À gauche, il y a une pièce disposant d'un lavabo, qui servait de bureau aux médecins nazis. En face se trouvait leur secrétariat et dans le fond à droite, la "chambre des cobayes". Tout au fond du couloir se trouve la salle d'autopsie où les médecins SS disséquaient les cadavres pour leurs expérimentations médicales.
Les détenus étaient assujettis au travail forcé : une scène reconstituée montre les déportés affectés à l'extraction des blocs de granit, au-dessus du camp, qu'ils devaient transporter à l'aide d'une brouette.

Des membres des Forces françaises de l'intérieur (FFI) ainsi que des personnels du 3e groupe d'esploitation d'intendance (3e GEI) de la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) sont présents dans le camp. Le 3e GEI est chargé de la logistique et du transport du ravitaillement stocké dans le camp et destiné aux unités de la 1re armée française en première ligne.

Note :
(1) Struthof est le nom d'un lieu-dit situé près du village alsacien de Natzwiller (en allemand Natzweiler), à 800 mètres d'altitude dans un site montagnard et forestier.
(2) La Fondation pour la Mémoire de la Déportation a recensé dans son Livre-Mémorial, 3 000 déportés partis de France à destination du camp du Struthof, dont 1 331 déportés NN, auxquels il faut ajouter les 1 464 déportés originaires des trois départements d'Alsace-Moselle, annexés par le IIIe Reich. Au total, on estime à environ 47 000 le nombre des déportés qui ont été internés au camp du Struthof et dans ses 18 Kommandos disséminés en Alsace et dans le Bade-Wurtemberg, de l'autre côté du Rhin, appartenent à 25 nationalités ; 11 000 d'entre eux y sont morts, victimes des sévices infligés par les Nazis.

Voir les reportages TERRE 362 et TERRE 10070 sur le même sujet.

Photos du reportage(58)