Engagé volontaire au 47e régiment d'infanterie le 3 octobre 1890, le lieutenant Georges Guillo Lohan, né le 30 septembre 1871 à Rouen, est détaché en 1900 pour être employé au service des Affaires indigènes. Il est alors affecté comme adjoint stagiaire au bureau arabe de Ghardaïa. Le 20 novembre 1900, il rejoint le bureau d'El-Oued, puis, le 2 mai 1902, celui d'In Salah. Le 11 octobre 1902, il est désigné par décision ministérielle pour exercer un emploi dans la compagnie des Oasis sahariennes du Tidikelt alors qu'il est déjà à la tête d'une expédition de reconnaissance dans le Hoggar. Le succès de cette mission lui vaudra d'être félicité à l'ordre général n°46 du 19e corps d'armée le 15 mai 1903 et d'être promu au grade de capitaine d'infanterie hors cadre aux Affaires indigènes le 24 juin 1905. Avant d'être rayé des contrôles du service des Affaires Indigènes le 15 mai 1912, Guillo Lohan occupe plusieurs postes en Algérie, dont celui de commandement d'un goum algérien dans la Chaouia. Lors de la Première Guerre mondiale, Georges Guillo Lohan, devenu chef de bataillon au 160e régiment d'infanterie, tombe au champ d'honneur à Arras, le 11 mai 1915.
Au début du XXe siècle, le Sahara demeure encore un territoire mythique pour les Occidentaux. Son climat hostile, ses rares ressources en eau et en nourriture et la crainte inspirée par les fiers guerriers touareg constituent autant de défis pour la politique d'expansion coloniale française. Ces tribus vivaient sur la réputation de force qu'elles s'étaient acquises par de faciles incursions chez leurs voisins et le pillage d'inoffensives caravanes. La légende avait amplifié leur puissance que semblait confirmer leur farouche défense d'une région clé pour les routes commerciales : le Hoggar.
En réponse à ce contexte d'exploration difficile, amplifié par le massacre de la mission du colonel Flatters en 1881, la compagnie saharienne du Tidikelt, corps spécial formé d'éléments indigènes, est officiellement créé par le décret du 1er avril 1902. Elle est alors chargée de l'occupation et la défense de la région du Tidikelt. La mission de la compagnie est de tenir les oasis d'In Salah et d'Aoulef et de disposer d'un groupe mobile capable d'atteindre les "razzieurs" du Sud, les pillards du désert. Le dispositif sera ensuite complété par la création des Territoires du Sud le 24 décembre 1902, accordant une autonomie de commandement à ceux-ci sous l'autorité du gouverneur et la mise en place des structures nécessaires à une occupation permanente.
Le nom du lieutenant Georges Guillo Lohan doit être associé à celui du lieutenant Cottenest qui, au printemps 1902, reçoit l'ordre du capitaine Gaston Cauvet, de mener un contre-rezzou le plus loin possible vers le sud à partir d'In Salah. Cette expédition vise à mettre un terme aux razzias exercées par les Touaregs contre les caravanes, à reconnaître le Hoggar encore totalement inconnu et ainsi permettre d'ouvrir une route sécurisée menant au Soudan. Le 7 mai 1902, au village de Tit, Cottenest, attaqué par les Touaregs, remporte une importante victoire. Cette date marquera une étape cruciale dans l'histoire de la conquête coloniale française du Sahara.
Le lieutenant Georges Guillo Lohan, bénéficiant de toutes les observations de Cottenest, accomplit, six mois plus tard, du 1er octobre au 16 décembre 1902, une nouvelle expédition composée d'une colonne de 170 hommes dans le Hoggar, reconnaissant ainsi plus de 2000 kms d'itinéraires et obtenant, à l'aide de moyens pacifiques, la soumission en bonne et due forme des Touaregs.

Le fonds Guillo-Lohan comprend 382 photographies sur plaques de verre stéréoscopiques réalisées par le lieutenant Georges Guillo Lohan au Sahara, lors de ses emplois au bureau des Affaires indigènes à Ghardaïa (1900), à El-Oued (1901) puis à In Salah, au sein de la compagnie saharienne du Tidikelt (1902-1903).