Le Premier ministre anglais Sir Winston Churchill, venu avec le général de Gaulle rendre visite aux troupes de la 1re Armée française sur le front du Doubs, s'entretient avec le général André Laffargue.

Note :
Le général Laffargue a évoqué ainsi cette rencontre dans ses mémoires intitulés Fantassin de Gascogne (Paris, Flammarion, 1962, page 238) :
« Le 13 novembre [1944 ], le général de Gaulle, M. Winston Churchill, accompagnés du ministre de la Guerre, M. Diethelm, et du général Juin, vinrent faire une visite à la 1ère Armée. Je me joignis à l’impressionnant cortège d’automobiles qui s’engagea sur le plateau du Jura. La neige se mit à tomber et la caravane fut sur le point de s’enliser.
Enfin on se retrouva à Maiche où le général Béthouart exposa aux autorités le plan de la bataille dont l’exécution lui était confiée.
L’après-midi, la caravane rejoignit le camp du Valdahon où se déroula une revue de la 1re division blindée, par un temps maussade et froid. Puis on rentra en foule dans la cantine où les officiels, heureux de se dégeler, se détendirent. Le hasard me plaça tout à côté de M. Churchill en uniforme gris de général d’aviation britannique ; il pataugeait dans une flaque d’eau sans s’en apercevoir. Je crus devoir lui indiquer un endroit plus sec ; il se montra touché de ma prévenance. Le général de Gaulle s’approcha et me présenta au Premier britannique comme un général particulièrement au courant des questions d’infanterie. Ce colloque improvisé me valut un surcroît de considération dont j’allais avoir le plus grand besoin les jours suivants.
Or cette visite avait été très habilement intégrée dans la préparation de l’offensive. En camouflant, sous les apparences d’une revue, le rassemblement de la 1re division blindée, on mit en défaut la perspicacité des agents adverses qui pullulaient dans la Suisse toute proche. La chute de neige vint aussi contribuer à voiler le déclenchement de l’attaque. Les conditions atmosphériques étaient si défavorables, en effet, que M. Churchill crut devoir conseiller au général de Lattre de surseoir à l’opération. Ce dernier parut acquiescer. Cependant, la préparation d’artillerie commençait déjà, tandis que M. Winston Churchill pouvait croire que cette partie du front allait s’endormir dans le grand silence blanc.
L’attaque fut lancée le lendemain, 14 novembre ».