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Des pompiers allemands brûlent les vêtements souillés des déportés qui passent à l'épouillage et à qui on fournit des vêtements propres dans le camp de Vaihingen récemment libéré.

Photographe(s) : Germaine Kanova



Informations techniques

Procédé original Négatif
Format d'origine 6x6
Support d'origine Acétate
Couleur Noir et blanc
Orientation paysage

Propriétés

Référence TERRE 10300-L20
Date de début 13/04/1945
Date de fin 13/04/1945
Photographe(s) Germaine Kanova -
Lieu(x) Allemagne - Bade-Würtemberg - Vaihingen -
Origine SCA
Mention obligatoire © Germaine Kanova/ECPAD/Défense

La photographie est issue du reportage suivant :

La libération du camp de travail de Vaihingen en Allemagne.

Voir la notice du reportage

Description du reportage

AVERTISSEMENT : ce reportage présente des images difficiles ou choquantes pouvant heurter la sensibilité de certaines personnes.

Situé au château de Vaihingen entre Karlsruhe et Stuttgart en Allemagne, le camp éponyme, Aussenlager du KL-Natzweiler (camp de concentration de Natzweiler, au Struthof), fut ouvert en août 1944 avec l'arrivée d'un convoi de juifs destinés à fournir la main-d'oeuvre pour la construction d'une usine souterraine d'armement. Les travaux furent rapidement arrêtés et dès octobre 1944, il est transformé en camp de malades, véritable mouroir dans lequel les camps de la vallée du Neckar envoyaient leurs invalides jugés inaptes au travail. Plus de 3 200 déportés polonais, tchèques, roumains, russes et français y moururent en huit mois de l'absence totale de soins et de l'absolue insalubrité des conditions de vie.
A l'approche ds troupes françaises de la 5e division blindée (DB), les SS et les miliciens français décidèrent le 1er avril 1945 d'évacuer le camp vers Dachau, en laissant derrière eux quelque 700 malades intransportables, condamnés à mourir dans les jours suivants. Certains d'entre eux, retrouvés dans un état physique effroyable, furent sauvés le 7 avril 1945 par l'arrivée d'une équipe de démineurs de la section Chounet du 49e régiment d'infanterie (RI). Dès le lendemain, un bataillon médical apportait aux rescapés les premiers secours. L'armée française qui perçut là l'ampleur du processus criminel, dépêcha sur les lieux le maximum de correspondants et de photographes. Entre les jours qui suivirent la découverte du camp et la fin du mois d'avril, de nombreux photographes, dont Germaine Kanova, s'y succédèrent. Ces images, abondamment diffusées par le Service cinématographique de l'armée (SCA), relayé par les agences de presse, furent parmi les toutes premières à toucher et à indigner le public français. (1)

Les photographies de Germaine Kanova prises le 13 avril témoignent de ce "spectacle horrible et innommable" note-elle dans la légende de son reportage. Les survivants, en tenue rayée, dont la plupart sont atteints de typhus, de tuberculose ou de dysenterie, présentent un physique très affaibli. Sous des tentes, ils sont épouillés, désinfectés, nettoyés, tondus, habillés avec des vêtements pris aux Allemands et soignés par des infirmières et les soldats français. Après leur avoir demandé nom, âge et lieu de naissance, ils sont nourris puis brancardés dans des camions qui les conduiront à l'hôpital ou les rapatrieront vers la France. Certains, au corps émacié, sont photographiés dans un dortoir où les détenus s'entassaient à trois ou quatre par châlit. Des cadavres sont inhumés dans des fosses. Une planche indique au-dessus de l'une d'elle l'emplacement de dépouilles juives. Les vêtements souillés sont brûlés au pied d'un des miradors qui entouraient le camp ceint de fils de fer barbelés.

Quelques clichés sont pris dans une localité voisine (2) : le recensement des Allemands attendant en file indienne dans une rue et la voiture Presse cinéma des opérateurs du SCA.

Note :
(1) Informations issues de l'ouvrage "Mémoire des camps, photographies des camps de concentration et d'extermination nazis (1933 - 1999)" sous la direction de Clément Chéroux, Edition Marval, 2001 ; disponible en bibliothèque des Archives.
(2) Wossingen ? (orthographe incertaine) d'après la légende d'origine du reportage.

Voir aussi sur le sujet les reportages photographiques Terre 10286, Terre 10288 et Terre 10297.

Photos du reportage(66)