Depuis septembre 1914, les armées allemandes et françaises sont engagées dans une guerre pour tenter de prendre le contrôle des plaines des Vosges et d'Alsace. Retranchées sur les cols qui dominent la région, les deux armées se livrent d'importantes luttes pour obtenir le contrôle de l'Hartmannswillerkopf. Ce sommet est une position clé, qui contrôle l'accès de la Haute-Alsace, de Mulhouse et de la plaine du Rhin. Tenu par plusieurs régiments d'Infanterie (notamment les 9e, 55e et 152e) et bataillons alpins de chasseurs à pied (notamment les 3e et 13e), ce secteur voit s'installer un hiver rigoureux. Acheminé sur les voies construites par le Génie, le ravitaillement des cantonnements (camps Turenne, Renié, Brun et Gustiberg ) est assuré par des mulets et des traineaux à chiens.
Le reportage témoigne des conditions de vie précaires des combattants engagés sur le front des ballons d'Alsace. Il offre de nombreuses images de localités du Haut-Rhin dévastées par les bombardements (Guewenheim , Thann, Husseren, Wesserling, Roderen, Leinbach, Steinbach, Magnières, Mitzach , Pfertterhouse , Ranspach, Saint-Amarin , Seppois, Soultzeren, Willer, etc), ainsi que plusieurs panoramas des vallées d'Alsace (vallée de la Thur, de la Largue et de la Doller) et d’un sommet emblématique des combats, l’Hartmannswillerkopf. Des villages lorrains sont également montrés, Remiremont et Gerbévillier, ainsi que le poste-frontière de Chérésy, dans le Territoire-de-Belfort, marquant l’ancienne frontière avec l’Empire allemand du temps de l’annexion.
Des scènes de vie quotidienne des civils et des soldats sont figurées : portraits d'Alsaciennes et de Lorraines en costumes régionaux, chasseurs alpins accueillis par les femmes et les enfants, cabarets, enfants à l’école, lessive au lavoir, corvées de matériaux et de ravitaillement en forêt, visite chez le dentiste, manœuvre d’une saucisse sous la pluie et la neige, bûcherons au travail, veille aux créneaux de tir des tranchées, scènes avec une mascotte (un petit singe), activité des bureaux du renseignement (2e bureau).
Quelques personnalités militaires sont photographiées : le général Nollet, commandant la 66e division d’infanterie, le général Timoléon de Villaret, le général de Pommereau, le capitaine André Laurent-Athalin, qui administre la région, et divers officiers d’état-major. A Gérardmer se tient un conseil de guerre.

Sur plusieurs clichés apparaît un autre photographe de la SPA (Section photographique de l’armée), très probablement Paul Queste qui visite les mêmes lieux que Pierre Machard à la même période et réalise des vues très proches (voir reportage SPA 32 B). Ils étaient vraisemblablement ensemble.

Note : quatre photos de ce reportage sont à rapprocher de vues en couleur prises par Pierre Machard au même moment.