reportage

Bataille d'Alsace : prise de Strasbourg et de sa région par la 2e division blindée (2e DB).

Photographe(s) : Jacques Belin


Début novembre 1944, la 7e armée américaine, commandée par le général Patch, a pour mission de libérer la plaine d'Alsace, de Strasbourg à Wissembourg et de rejeter les troupes allemandes de l'autre côté du Rhin. La 2e DB (Division blindée) du général Leclerc, qui fait partie du dispositif d'attaque, doit couvrir la droite de la 79e division d'infanterie américaine et du 15e Corps d'armée américain. Ses trois groupements tactiques, le GTL (commandé par le colonel de Langlade), le GTR (sous les ordres du colonel Rémy) et le GTV (du colonel de Guillebon), auxquels s'ajoute le GTD du colonel Dio, après un raid rapide entre Baccarat et Blâmont du 13 au 18 novembre 1944 et la prise de Saverne le 22 novembre, se trouvent aux portes de Strasbourg. L'assaut débute le 23 novembre, mais les troupes rencontrent une forte ligne de résistance allemande. Finalement, le sous-groupement Rouvillois du GTD parvient à rentrer dans la ville, suivi du GTL qui occupe la ville, et rejoint par le GTV. Le pont du petit Rhin (pont d'Anvers) est atteint, celui de Kehl pratiquement, les garnisons des casernes se rendent et le commandement allemand (général Vaterrodt) capitule le 23 novembre.

Les images prises attestent tout d'abord de l'entrée dans Strasbourg du sous-groupement Rouvillois avec le char "Evreux" du détachement Briot, premier à pénétrer dans la ville, de la prise du pont d'Anvers et des combats de rue (destructions, incendie). Dans les quartiers de Neudorf et du Port du Rhin, les habitants fuient pour se replier vers le centre ville, des soldats construisent un barrage antichars, des Français et des Russes sont libérés, tandis que des soldats allemands sont faits prisonniers. D'autres capturés sont rassemblés à la caserne Stirn. Sur la place Kléber, des enfants jouent avec des mitrailleuses allemandes abandonnées pendant que des prisonniers allemands déblaient les gravats. Sur des colonnes Morris, les Strasbourgeois libérés lisent la proclamation du général Leclerc, qui, avec ses hommes, a tenu le serment de Koufra.

Les images montrent également le nettoyage de la ville par le 501e RCC (Régiment de chars de combat) du GTV et par des éléments du RBFM (Régiment blindé de fusiliers marins) dans le quartier de Neuhof, aux ponts de La Bruche et de la Montagne Verte et dans les alentours. Dans le centre ville, civils et militaires assistent aux obsèques du commandant Rasson de la sécurité militaire.
Le 26 novembre, une prise d'armes présidée par le général Leclerc, sur la place Kléber, en présence du 12e RC (Régiment de cuirassiers) et du 12e RCA (Régiment de chasseurs d'Afrique) célèbre la libération de la ville.

Les clichés présentent enfin la progression de la 2e DB dans la région avant et après la prise de Strasbourg. Les convois, acclamés à leur passage par les habitants libérés, traversent successivement Saverne (Bas-Rhin) (atteint le 22 novembre par le GTL de Langlade), Fénétrange (Moselle), Blaesheim (Bas-Rhin) (3e escadron du 1er RMSM -Régiment de marche de Spahis marocains- et 2e peloton du 2e escadron du 1er RBFM), Entzheim (Bas-Rhin), Hindisheim (Bas-Rhin), occupé le 28 novembre par le sous-groupement Rouvillois. Non loin, des éléments du 13e Bataillon du Génie posent un pont Brockway sur l'Andlau. Sur la route de Sarrebourg (Moselle), du matériel, détruit ou intact, a été abandonné.
Les clichés 8159 à 8166, 8180 à 8184, 8186 à 8191, 8198 à 8203 manquent.

cliché L8165 : tirage papier dans le fonds Documentation Française (B223.312-15)

Le cliché 8013 concerne la ville de Dieuze (Moselle) (référence : Historica Hors série, Les Panzers en Lorraine page 65, cote BIB 1093-1 G4).

Texte de l'affiche portant la proclamation du général Leclerc :
"Habitants de Strasbourg
26 ans et un jour après l'anniversaire de 1918. La France a repris Strasbourg.
Pendant la lutte gigantesque de 4 années menée derrière le général de Gaulle, la flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession.
Nous avions juré d'y arborer de nouveau les couleurs nationales, c'est chose faite.
Je vous demande maintenant de saluer avec respect mes compagnons d'armes, officiers, sous-officiers et soldats. Ils ont chargé héroïquement pour franchir les Vosges et libérer Strasbourg.
Je salue avec émotion ceux qui sont tombés.
Habitants de Strasbourg ! La France et ses alliés ne recommenceront plus la faute d'hier, l'envahisseur ne reviendra.
Vive le Général de Gaulle !
Vive l'Alsace !
Vive la France !
[signé] Le Général Leclerc."

A noter la mention manuscrite ajoutée à la légende d'origine de la photo Terre 339-8088 qui révèle la mise en scène du cliché : les deux prisonniers allemands sont en réalité deux Alsaciens qui ont revêtu l'uniforme allemand pour les besoins de la caméra.

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