Au printemps 1917, après le retrait des Allemands sur la ligne Hindenbourg, Alfred Machin et d’autres opérateurs réalisent plusieurs tournages en Picardie, territoire volontairement dévasté par l’ennemi lors de son départ. Description du montage :

Carton titre : "La vie reprend dans les régions libérées".

Carton : "Une pauvre vieille malgré les brutalités que lui ont fait subir les allemands, n'a pas voulu abandonner sa maison, et depuis lors habite dans sa cave à demi-ruinée."
Une femme sort péniblement de la cave de sa maison complétement rasée. Un soldat vient lui parler.
Carton : "Sans perdre de temps, utilisant les moindres ruines, courageusement, les habitants se reconstruisent un foyer."
Un soldat français vient serrer la main d'une femme âgée et bavarder à la clôture d'une maison en ruines. A Passel, dans une maison en ruines à ciel ouvert, une femme allumant un feu dans sa cheminée. Une femme balaye la cour de sa maison provisoirement réparée avec des toiles bitumées. Des réfugiés traversent un village en ruines dans une charrette attelée de deux chevaux. A Roye (Somme), dans une ferme en briques endommagée (TC 00:01:45), des menuisiers et des couvreurs s’affairent aux réparations.
Carton : "Une société anglaise de secours construit des maisons provisoires en bois pour les sans-abris."
Des cabanes préfabriquées en bois sont en construction pour loger la population des réfugiés de retour dans leur village. (1)
Carton : "Les pontonniers anglais au travail." Des pontonniers et des marins britanniques construisent une passerelle provisoire dans un village en ruines au-dessus d’une zone inondée.
Carton : "En terre reconquise, les voies ferrées de Noyon telles que les ont laissées les allemands." Panorama des quais et de la voie totalement dépourvue de rails et de ballast.
Carton : "Deux jours après, le Génie français travaille." Des sapeurs déchargent des traverses d'un wagon et réparent la voie.
Carton : "A Baugies, dans l'Oise, la commission américaine fait des distributions à la population délivrée."
Peut-être à Baugy, un officier américain serre les mains d’une foule de femmes et d’enfants venus le saluer. Un soldat français debout dans une automobile distribue des vêtements et des chaussures. Les habitants embrassent l’Américain en remerciement
Carton : "Sous les pommiers en fleurs d'un village reconquis, nos soldats instituteurs ont installé la classe."
A Villeselve (Oise), dans un verger, un soldat faisant office d’instituteur écrit au tableau noir la leçon du jour et interroge un garçonnet pendant que les élèves travaillent sur les tables installées dehors. Une fillette écrit au tableau la phrase suivante : "qu’importe la maison d’école détruite ; reprenons, pleins de courage, avec les instituteurs la classe interrompue." Les enfants suivent dans leur livre le texte lu par le maître. (2)
Carton : "Avant d'être livrés à la culture, les terrains sont débarrassés des engins non éclatés."
A Thiescourt, des soldats procèdent au déminage des champs, ratissant le terrain, enfouissant les obus trouvés et les faisant exploser avec des charges de dynamite
Carton : "Dans la région éloignée des lignes, des prisonniers sont employés au défrichement des terres".
A Ribécourt, des prisonniers allemands chargent du foin sur des charrettes. D'autres débroussaillent une lande.
Carton : "L'élevage reprend."
Près de Roye, un troupeau est à la pâture derrière le réseau des barbelés faisant office de clôture. A Esmery-Hallon, un couple âgé revenu après 30 mois d’absence entretient un potager devant sa maison incendiée. Des habitants binent un potager et repiquent des plants. Des hommes passent la herse dans un champ labouré.
Carton : "Grâce aux machines américaines de motoculture, le labourage se fait avec une très grande rapidité."
A Roye, dans la Somme (TC 00:10:28), des soldats labourent un champ en échelon à l’aide de tracteurs américains tirant des charrues à trois socs, au milieu de restes d’un réseau de barbelés
Carton : "La rééducation des mutilés." et "Les mutilés peuvent se remettre aux travaux les plus variés."
A Neuilly-sur-Marne, dans un établissement financé par l’ "Union des colonies étrangères en France pour les victimes de la guerre - fondation Stottesbury", des handicapés sortent de la grille en fauteuil roulant. Dans l’établissement, ils sont en rééducation pour s’adapter à divers métiers.
Carton : "Les menuisiers".
Dans un atelier, un unijambiste doté d’une prothèse et d’autres mutilés rabotent des planches. Deux manchots vernissent du bois au tampon.
Carton : "Les vanniers."
Assis au sol, un cul-de-jatte tresse un panier
Carton : "Les forgerons".
Deux hommes, dont l’un est manchot et appareillé d’une prothèse, forgent une pièce sur une enclume
Carton : "Travail de la terre."
Sous le regard d’observateurs, un soldat creuse un sillon à la charrue tandis qu’un amputé des deux mains et un amputé d’une jambe y déposent des semences. Des manchots munis d’une prothèse avec crochet bêchent la terre.

Note:
1+18 cartons en français.
Comptes rendus de tournage n° 335 à 338 d’Alfred Machin les 3-17/06/1917 pour l’essentiel, complétés par des images issues des comptes rendus n° 55 d’Alfred Machin le 30/03/1917 (Noyon), n° 257 de René Meunier le 14/05/1917 (école à Villeselve), et n° 186 d’Henri Stuckert le 03/05/1917 (mutilés). La séquence des tracteurs a peut-être été tournée par Marcel Martel (compte rendu n° 476 le 05/07/1917).
(1) Ce plan est en fait tourné à Sommeilles, dans la Meuse (date et auteur indéterminés).
(2) La scène est également dans les films "Les Annales de la guerre n°11" (référence 14.18 A 11) et "Première classe en pays reconquis" (référence 14.18 B 502). Compte rendu de tournage n° 257 de René Meunier le 14/05/1917 à Villeselve (Oise).
Des rushes se retrouvent également sur le film 14.18 A 1300.