Première partie du film « Les mutilés aux champs ».

La plupart des travaux agricoles sont accessibles aux mutilés grâce à des machines appropriées. Un homme panse un cheval grâce à des accesoires fixées à ses prothèses de bras (1). Un autre harnache un cheval et l'attèle à un tombereau (1). Un homme procède à l'enfouissement des chaumes après la moisson avec une herse tirée par des boeufs. Plan fixe sur le siège spécial à gouttière pour les amputés des membres inférieurs ; un amputé de la cuisse gauche s'installe sur une machine à déchaumer puis redescend après avoir travaillé le champ (2). Un amputé de bras droit conduit un attelage de boeufs tirant une machine à déchaumer. Un manchot guide une charrue tirée par des chevaux. Un unijambiste conduit une charrue munie d'un siège spécial.

Textes des cartons :
Dessin d'un coq perché sur l'inscription Les mutilés aux champs et surmonté du texte : blessé je chante encore.
Tous les travaux agricoles peuvent être exécutés par tous les mutilés grâce à des machines appropriées.
Le pansage des chevaux avec la brosse de l'institut Sandar-Limonest par un désarticulé du poignet gauche, amputé du pouce de la main droite.
Le harnachement d'un cheval et sa mise à la voiture sont un jeu pour un manchot. (Maison Blanche.
Le déchaumage. Déchaumage au cultivateur "Jean" par un amputé de l'avant-bras gauche et de la jambe droite (Sandar-Limonest).
Cultivateur avec siège à gouttière de Dor pour amputé de cuisse gauche (Centre d'appareillage-Lyon).
Déchaumage exécuté par un amputé de cuisse avec un cultivateur muni du siège de "Dor".
Déchaumage au cultivateur par un amputé du bras droit désarticulé de l'épaule (Maison Blanche).
Les labours. Un manchot laboure facilement avec un brabant double.
Voici maintenant un amputé de l'avant-bras gauche et de la jambe droite labourant avec une charrue à siège (institut Sandar-Limonest).
Même un amputé du bras droit désarticulé de l'épaule n'a aucune difficulté pour labourer avec une charrue brabant double.

Notes :
Première partie du film « Les mutilés aux champs » qui en compte six.
Métrage d'origine inconnu ; métrage conservé 235,5 m.
1+11 cartons en français.
Dist. Pathé ; diffusé au public par Omnia Pathé d’avril à novembre 1919.
Film classé dans la « Liste complémentaire : Films du Service de santé : rééducations des mutilés et traumatisés. » dans le catalogue « Les films militaires français de la première guerre mondiale », Françoise Lemaire, 1997.
(1) Compte rendu de tournage n°1531 de Louis Chaix le 06/07/1918 à Nogent-sur-Marne (pansage, attelage) et n° 1550 de Louis Chaix le 11/07/1918 à Neuilly-sur-Marne.
(2) Siège gouttière de la charrue : le premier plan de cet appareil est mentionné dans le compte rendu de tournage n°1609 de Georges Daret, le 24/07/1918, en région lyonnaise.
Reportages photographiques SPA 106 D et SPA 12 AD.
Voir les références 14.18 A 901 à 14.18 A 946 et 14.18 A 1116 pour les autres parties et les rushes du film « Les mutilés aux champs ».

Le film « Les mutilés aux champs » est produit par le ministère de l’Agriculture dans le souci de s’occuper du retour à la terre des paysans mutilés, réalisé sous la direction de M. Brancher, chef du service de la main d'œuvre agricole, avec des images tournées par les opérateurs de prise de vue de la SPCA Louis Chaix, Alphonse Gibory et Georges Daret entre le 10 mai 1918 et le 26 décembre 1918 et par l'opérateur Didier en septembre 1919, et diffusé par Omnia Pathé en 1919.

Il se compose de six parties : 1 : Exécution des travaux de la ferme par des mutilés rééduqués, harnachement, déchaumage, labours, sulfatage, soufrage. 2 : Epandage du fumier, enfouissement, hersage, semailles, roulage, binage par des amputés, fenaison. 3 : La moisson, meulage, battage, liage, retour des champs. 4 : Jardinage, traitements, taille des haies. 5 : Elevage du mouton, un mutilé devenu berger. 6 : Apiculture et oseraie, vannerie.

L'ECPAD conserve 21 documents (rushes ou montages par partie) en rapport avec le film « Les mutilés aux champs ». L'œuvre complète diffusée par Omnia Pathé, telle qu'elle a été présentée au public d'avril à novembre 1919 et qu'elle figure dans les archives de la firme Pathé, comporte les six numéros suivants (voir les résumés sur http://filmographie.fondation-jeromeseydoux-pathe.com.) : 1re série : sans titre, réf. catalogue 8305, 240 m. 2e série : la grosse culture, réf. catalogue 8321, 250 m. 3e série : la moisson, réf. catalogue 8354, 235 m. 4e série : le jardinage, réf. catalogue 8407, 250 m. 5e série : l'élevage du mouton, réf. catalogue 8434, 220 m. 6e série : apiculture et oseraie, réf. catalogue 8467, 220 m.

Ces films conservés à l'ECPAD comportent vraisemblablement tous les éléments ayant servi à la réalisation par Pathé, montés cependant parfois dans un ordre différent, avec un nommage des parties qui ne correspond pas toujours à la version Pathé. Les rushes ont peut-être été montés une première fois au sein de la SPCA puis reprises par Pathé en 1919 avec un autre séquençage, augmenté des compléments tournés par le caméraman Didier.

La série de films, mentionnée dans plusieurs journaux de l'époque, comme « Ciné pour tous », et dans la brochure « Les mutilés aux champs » publiée par le service de la main d'œuvre agricole en 1919 a été « inaugurée » le 24 décembre 1919 sous la présidence de Victor Boret, ministre de l'Agriculture. Dans d'autres ouvrages, le film est cité comme une œuvre réalisée par Pathé en 1920. C'est le cas dans le « Répertoire des films de la Cinémathèque agricole », Ministère de l’Agriculture, 1938, p. 91, ou dans la revue « Terrain » de mars 1992, numéro intitulé " Le corps en morceaux ", page 71 où une note mentionne un film de ce nom, de 80 minutes, conservé à la cinémathèque du ministère de l'Agriculture et de la Forêt.

Ces films sont destinés à être transportés dans les grands hôpitaux de France de façon à montrer aux mutilés agriculteurs que la plupart d’entre eux sont capables, quelles que soient leurs blessures ou leurs mutilations, de reprendre leur métier.