VIDÉO

[Sahara malien : Tombouctou, 1959-1960.]

Réalisateur(s) : René Caron


Faisant suite à diverses missions dans le Sahara algérien et en Algérie du nord entre 1957 et 1958 (voir films FA 8 et FA 9), le lieutenant-colonel René Caron effectue un nouveau séjour de 30 mois en Afrique Occidentale du 19 février 1959 au 23 août 1961. Affecté tout d'abord à la 9e Compagnie Saharienne Portée d'Infanterie de Marine d'Agadès, ex 5e CSM, le lieutenant René Caron rejoint Tombouctou en septembre 1959, au Mali, pour prendre le commandement de la 3e Compagnie Saharienne Portée d'Infanterie de Marine. Equipé d'une caméra, il réalise en cinéaste amateur plusieurs films 8 mm couleurs muets qui retracent tant la vie quotidienne au sein de sa compagnie (exercices et cérémonies militaires) que sa découverte des différents aspects culturels du Mali (vie des populations, architecture et paysage, fête religieuse et coutumes) au moment où le pays gagne son indépendance.

Le film FA 10 est constitué d'un bout à bout de différentes bobines tournées par René Caron et leur ordre n'est pas toujours chronologique. Le descriptif des séquences suivantes a été réalisé à partir des informations communiquées par le réalisateur en 2001 :

TC 00 :03 :00 : Panoramique sur la ville de Tombouctou et ses architectures traditionnelles en pisé. Créée au XIème siècle, Tombouctou a toujours exercé une forte attraction sur les habitants de l'Afrique du nord puis sur les Européens. Elle fut longtemps l'objectif des caravanes venues du Maroc et d'ailleurs échanger des marchandises contre de l'or et des esclaves ou pour apporter le sel de Taoudeni, situé à 700 kilomètres au nord, avec les azalaïs annuelles.
Tombouctou fut aussi un centre religieux réputé pour les musulmans du Maghreb, du Moyen Orient et des pays africains islamisés.
Centre commercial, centre religieux, point de jonction entre les grands axes sahariens et le fleuve Niger, Tombouctou fut une ville importante et riche mais son histoire fut agitée : elle fut tour à tour prise, pillée, occupée par les Malinke, les Songhai, les Marocains, les Touaregs et les Peuls. Ceci a provoqué sa décadence et les explorateurs européens du XIXe siècle dont René Caillié (1828) furent bien déçus de découvrir une ville grise, poussiéreuse, sans garde impériale ni palais somptueux.

TC : 00 :05 :33 : En attendant la journée officielle de l'indépendance, une manifestation spontanée traverse la ville à pied ou en véhicule, les jeunes agitant de nombreux drapeaux maliens. [Plusieurs regards caméra]

TC : 00 :06 :00 : En 1959, Tombouctou est une ville à la population diversifiée : Berabiehs, Kountas, Touaregs, Fulbe, Bozos, Bambaras, Songhai, Maures, commerçants libanais, arabes, fonctionnaires français et maliens, militaires français et africains de divers pays, dont beaucoup sont en famille. Toutes les rues sont sableuses, le marché est très animé, avec des étals à l'intérieur du bâtiment central construit avec la jolie pierre gris-verdâtre de la région.

TC : 00 :08 :27 : Un hôtel-restaurant n'étant pas rentable, c'est un ensemble géré à l'origine par le Haut-Commissariat Français du Soudan qui en tient lieu. Le " campement " de Tombouctou est récent, la terrasse donnant sur un étang plus ou moins haut et large selon la saison et la crue du Niger.

TC : 00 :09 :24 : C'est dans cette maison de pisé que René Caillié (1799-1938) résida du 20 avril au 4 mai 1828, se faisant passer pour un arabe égyptien rejoignant son pays. Ce français n'était pas le premier européen à entrer dans Tombouctou mais il est le premier à en être revenu avec ses notes et de nombreux croquis faits au cours de son pénible voyage.

TC : 00 :10 :22 : Les abattoirs se trouvant à l'extérieur de la ville, les détaillants se dirigent vers le marché pour être les premiers à vendre.

TC : 00 :10 :48 : Située à 23 km du Niger, la ville est reliée au fleuve par un canal de 16 km construit sous l'empire du Mali et qui s'arrête en cul-de-sac à Kabara, 7 km au sud. Ce canal est à sec en saison sèche, d'avril à septembre.

TC : 00 :11 :00 : Habitations et dromadaires.

TC : 00 :14 :04 : Célébration de l'Aïd es-Seghir, deuxième fête de l'Islam qui rompt le jeune du Ramadan et réunit les croyants pour la grande prière. Avec leurs vêtements de fête, ils arrivent par petits groupes en devisant pour attendre les notables. Une fois ceux-ci arrivés et accroupis sur une longue rangée, la foule vient se placer derrière, enfants compris et la prière commence. Après le rituel de prosternation et de redressement, c'est la dispersion mais les retardataires accélèrent le rythme pour se mêler aux groupes qui se forment selon les milieux, les relations ou les âges.

TC : 00 :17 :26 : Après la saison des pluies et la crue du fleuve, l'étang s'est agrandi et l'eau est plus claire ; les dromadaires et les moutons attendent leur tour pour boire.

TC : 00 :17 :55 : Le lieutenant Caron fait un tour en jeep accompagné du chien Poker et d'un jeune passager.

TC : 00 :19 :05 : Inquiets des suites de l'indépendance du Mali, des Touaregs viennent défiler dans Tombouctou.

TC : 00 :20 :13 : Une partie du groupe nomade arrive à Tombouctou pour le 14 juillet 1960. La prise d'armes et les festivités ont lieu dans la cour du fort Bonnier puisque les nouvelles autorités ont prescrit aux habitants de ne pas y assister.

TC : 00 :20 :41 à 00 :21 :30 : Au bord du fleuve, des enfants jouent et les riverains vaquent à leurs occupations.

TC : 00 :21 :31 à 00 :22 :24 : Des soldats de la CSM (Compagnie Saharienne Motorisée) se détendent dans l'eau du Niger.

TC : 00 :22 :25 : Au premier plan, une barque typique faite de planches cousues par des fibres végétales, les jointures étant colmatées avec du bitume, selon une technique très ancienne.

TC : 00 :23 :27 : Case traditionnelle Songhaï.

TC : 00 :27 :52 : Deux jeunes Peul sourient à la caméra.

TC : 00 :24 :13 : Un filet de pêche vient d'être vidé sur la rive.

TC : 00 :24 :40: Des soldats de la CSM font une course en bateaux militaires.

TC : 00 :25 :16 à 00 :26 :19 : Des agneaux s'abreuvent.

TC : 00 :26 :11: Pendant deux jours et une nuit, quelques ménages ont effectué une excursion sur le fleuve et un pique-nique de nuit dans la zone d'inondation du Niger en crue. Les bateaux M2, à fond plat, fixés deux à deux sont rapides sur le fleuve mais ne peuvent servir dans les zones herbeuses à cause des hélices ; le voyage jusqu'au bivouac s'est donc terminé en pirogue parmi les nénuphars.
TC : 00 :28 :54 : Enfants étudiant dans une école coranique.

TC : 00 :30 :06 : Dans le canal de Kabara menant vers Tombouctou, des riverains font des signes d'amitié.

TC : 00 :31 :44 : En février 1960, la compagnie part en manœuvres dans le nord de Tombouctou. Le colonel Lahorgue-Poulot, commandant le 2e BIMA de Segou, de qui la garnison dépend administrativement, vient inspecter l'unité alignée dans la brousse.

TC : 00 :32 :08 : Au retour d'une liaison avec le GN, le lieutenant Caron s'arrête à un puits où des enfants Touareg posent devant la caméra.

TC : 00 :33 :46 : Aux salines de Taoudeni, un peloton de la 3e CSM est détaché deux mois chaque année pour assurer la sécurité pendant l'extraction du sel à ciel ouvert. En 1960, bien que la paix soit officielle, l'isolement du site pourrait tenter les pillards Reguibat ou autres venus du Rio de Oro par la Mauritanie ou l'Algérie. La localité de Taoudeni, située à 700 km au nord de Tombouctou n'est pas une oasis, le cadre est désolé, sans un arbuste. Après extraction, les plaques de sel sont emportées vers Tombouctou et les autres ports du Niger par les caravanes du sel ou " Azalaïs ".

TC : 00 :35 :24 : Entrée du fort Bonnier. La compagnie est prête à partir. La garnison de Tombouctou, ainsi que celles de Segou et de Gao, appartient au 2e BIMA, Bataillon d'Infanterie de Marine, qui se trouve à Segou. Segou, situé à 570 km au sud-ouest de Tombouctou, comprend le PC du 2e BIMA, une compagnie de commandement et des services et 2 compagnies d'infanterie. Tombouctou et Gao comprennent chacune un commandant de secteur, une compagnie d'infanterie, une compagnie saharienne motorisée et un élément de gendarmerie commandé par un sous-officier français. Dans chaque secteur, un groupe méhariste nomadise dans un secteur précis. Celui de Tombouctou, le GN 14 dit d'Araouane, oasis située à 120 km au nord de Tombouctou, a en charge la région comprise entre le fleuve Niger au sud, la frontière de Mauritanie à l'ouest, la frontière algérienne au nord et l'Adrar des Iforas, secteur de Gao, à l'est.
A Tombouctou, la 1re compagnie assure les charges de garnison, alimentation, intendance, infirmerie avec un médecin militaire, station radio, dépôt de carburant, etc… et le soutien administratif de la 3e CSM et du GN 14, qui dépendent pour action du général Commandant supérieur d'AOF via la 3e brigade de Bamako. Au 31 décembre 1959, la CSM comprenait 209 hommes dont 38 métropolitains et 171 africains.

TC : 00 :37 :00 : A l' occasion d'une inspection par un groupe du Service du matériel venu de Kati, un exercice d'embarquement de personnels et de véhicules sur bateaux est organisé sur la rive nord du Niger. Une plate-forme pour camions est montée.

TC : 00 :37 :40 : Des hommes et cadres munis d'une brassière de sauvetage montent dans des bateaux M2. Cet équipement en bateaux et moteurs hors-bord peut paraître insolite pour une compagnie saharienne mais s'explique toutefois par le fait que le secteur d'intervention de l'unité s'étendait au sud du fleuve et qu'il n'y avait pas de pont. L'ensemble est prévu avec ou sans assemblage pour transporter personnel, matériel et véhicules de l'autre côté du Niger.

TC : 00 :38 :00 : Après un petit tour sur les M2 propulsés par un moteur, les groupes reviennent pour débarquer rapidement et se disperser en formation de combat.

TC : 00 :35 :20 : un sous-officier montre l'efficacité du gilet de sauvetage pour un homme tombé à l'eau.

TC : 00 :39 :34 : Le radeau terminé, équipé de deux moteurs, un camion GMC embarque lentement.

TC : 00 :40 :00 : L'ensemble guidé au départ par des rameurs s'éloigne à son tour avec les moteurs.

TC : 00 :40 :42 : La séance se termine par le " baptême " en dromadaire offert aux visiteurs de Kati et volontaires de la CSM.

TC : 00 :42 :27 : Le 14 juillet 1960. Défilé du groupe nomade.

TC : 00 :43 :00 : La fête de Bazeilles. La CSM et une partie de la compagnie d'infanterie sont rassemblées à l'intérieur du fort Bonnier pour la fête de Bazeilles, en septembre 1960. Les deux unités sont encore françaises pour quelques semaines.

TC : 00 :43 :21 : Métropolitains, tirailleurs et leur famille participent aux festivités : jeux et épreuves diverses.

TC : 00 :44 :38 : Après les danses se déroule le jeu du pot cassé.

TC : 00 :46 :39 : La fête de l'indépendance.

TC : 00 :47 :02 : Dans les tribunes, sous les drapeaux maliens et les banderoles, les officiers et sous-officiers français assistent à la fête officielle de l'indépendance [en septembre 1960], à côté des officiels et notables locaux.

TC : 00 :47 :47 : Les anciens tirailleurs français sont devenus les nouveaux soldats du Mali et défilent. Ils ont changé le béret beige des unités françaises contre un béret vert. La 1re compagnie de Tombouctou est dissoute le 31 août 1960, devenant unité de l'armée malienne le 1er septembre. Ses cadres et le GN 14 sont mutés provisoirement à la 3e CSM. Celle-ci est dissoute le 30 septembre pour renaître malienne le 1er octobre. Le 1er octobre 1960, toute la garnison est devenue malienne. Le lieutenant Caron reste le seul officier français, avec le médecin-lieutenant Ménard qui sera affecté à l'armée malienne pour un temps indéterminé, afin de régler quelques formalités de transfert de matériel.

TC : 00 :48 :14 : Transfert de matériel. Certaines catégories de matériel devaient rester à l'armée française, notamment deux citernes de 30 m3 pour carburant qu'il faut envoyer à Niamey par le fleuve. Elles avaient été amenées et installées à Tombouctou par du personnel spécialisé disposant d'engins appropriés. Pour les transporter, ces citernes ont été installées sur des patins et acheminées par GMC vers le port de Kabara, situé à 7 km de Tombouctou.

TC : 00 :50 :35 : Les citernes sont finalement embarquées sans incident sur deux péniches, sous les regards de la population. Tombouctou devenu malien, le lieutenant Caron est muté comme capitaine commandant la 1re compagnie de Myrriah, au sud Niger (voir FA 11).

2 bobines.

[Décolonisation - vers l'indépedance des pays d'Afrique]

Propriétés

Réalisateur René Caron -
Lieu(x) Afrique - Le Niger - Mali - Sahara - Tombouctou -

Informations

Référence FA 10-2
Durée 00:48:29
Format d'origine 8 mm
Couleur Couleur
Origine Caron, René