La division des témoignages oraux du Service historique de la défense (Vincennes) a remis au pôle des archives de l'ECPAD le 16 mai 2014 un fichier audiovisuel expédié du Bénin par monsieur Jean Hountondji, résidant à Cotonou. Il s'agit d'une captation audiovisuelle réalisée le 18 juin 1998 du témoignage de l'ancien combattant Sotédji Hountondji, soldat au 12e RI ayant combattu en France pendant la seconde guerre mondiale et ancien prisonnier de guerre en Allemagne. Le témoin s'exprime dans sa langue natale, il est accompagné d'un traducteur (proche ou journaliste) qui conduit l'entretien.

Né en 1908 à Djibé au Dahomey (actuel Bénin), Sotédji Hountondji est incorporé de force dans l'armée française au début de l'année 1938 sous le matricule 41821. Après une formation militaire à Sakété, il embarque pour la France le 14 juillet 1938. Arrivé à Bordeaux, il rejoint le 12e RI.

En 1939, il est envoyé avec son régiment à la frontière franco-allemande pour effectuer des travaux d'implantation de fils barbelés. Soumis avec ses frères d'armes africains à un régime de travail très dur accentué par la rigueur du climat, Sotédji Hountondji, grâce à un subterfuge, alerte l'officier médecin sur les difficiles conditions auxquelles sont particulièrement exposés les travailleurs. Envoyés à Marseille pour améliorer leurs états de santé, ces soldats africains parmi lesquels figure Sotédji Hountondji, sont mobilisés et conduits à Paris lors de la déclaration de la guerre pour servir dans un régiment de transmission. Le 16 juillet 1940, Sotédji Hountondji est capturé par les allemands et est envoyé dans un camp de travail pour prisonniers non loin de la frontière.

A l'issue d'une captivité de trois ans et neuf mois, Sotédji Hountondji s'évade le 31 janvier 1944. Suivant les indications de la Croix-Rouge et durablement affaibli par cette épreuve, il atteint Fréjus (Var) où il effectue un séjour de convalescence de trois mois avant d'intégrer les forces françaises de l'intérieur (FFI).

A la fin de la guerre, Sotédji Hountondji signe un nouvel engagement dans l'armée française mais est proposé au rapatriement en mars 1945 avec ses confrères africains. Transporté par navire jusqu'à Cotonou dans des conditions humanitaires désastreuses, Sotédji Hountondji prend l'initiative de défendre les droits des passagers et, obtenant gain de cause, se fait reconnaître par ses pairs combattants comme le " député " des africains pour les avoir valablement défendu une situation alimentaire calamiteuse.

Il débarque à Cotonou le 22 avril 1945 et, jusqu'en 1947, il n'aura de cesse de faire reconnaître ses droits d'ancien combattant auprès des autorités militaires pour services rendus à la Nation française. Echouant à la possibilité d'intégrer un corps paramilitaire local, Sotédji Hountondji retourne vivre auprès de ses parents et apporte son aide à l'exploitation agricole. En reconnaissance de ses aptitudes et de son dévouement, il obtient le poste de chef d'équipe au service des eaux et forêts de Djibé qu'il quitte lors de son départ en retraite en 1958.
Aucune documentation afférente n'accompagne cette archive. La transcription intégrale du témoignage est disponible sur demande au bureau des fonds privés.