FOCUS
Le marché, moment d’immersion dans la culture malgache
Entre 1900 et 1902 Edgard Imbert effectue sa première mission sur l’île de Madagascar. Pratiquant avancé de la photographie, il capture paysages, personnes, architectures, rites culturels et moments sociaux, dont les marchés. Ces lieux de commerce et de rencontre sont en effet un vivier à sujets de photographies, transformant le soldat amateur en reporter.
Le marché, aller simple vers l’ailleurs
Après avoir documenté son voyage ainsi que quelques paysages de Madagascar, Edgard Imbert emporte rapidement son appareil photographique dans les différents marchés de Tananarive et des environs. Points de rencontre à la fois des hommes et des biens, les marchés ont un pouvoir immersif indéniable lorsqu’il s’agit de rencontrer une nouvelle culture. Edgard Imbert ici nous fait déambuler entre une multitude d’étals à même le sol. Européen doté d’un appareil photographique au milieu d’une foule malgache, il attire inévitablement les regards, et utilise son appareil pour faire poser plusieurs personnes devant leurs commerces. Il arrive également à saisir des scènes d’ambiance où il semble comme effacé au milieu de la population vêtue de blanc : ces images laissent percevoir l’agitation des lieux et des passants qui l’ignorent.
La place de ces images dans les albums d’Edgard Imbert.
Preuve de l’importance apportée à ces vues de marchés, Edgard Imbert leur accorde une place de choix au sein de ses albums. On notera notamment la présence de huit pages entièrement consacrées au Zoma, ce marché du vendredi mondialement connu comme l’un des plus grands. Voulu comme un véritable moment de réunion entre populations lors de sa fondation au XVIIIe siècle, le marché a perduré jusque dans les années 1990 et était un lieu incontournable pour qui voulait expérimenter la vie citadine de Tananarive. Du rafia aux pelles appelées angadys, en passant par les valihas , instruments cousins de la cithare, Edgard Imbert a scrupuleusement légendé chaque élément emblématique de la culture malgache, condensant ainsi plusieurs éléments représentatifs de l’île et ses habitants selon son goût. Utilisés comme objet de souvenir mais aussi de support aux récits qu’il pouvait faire de ses voyages, ces clichés en albums ont ainsi participé à populariser l’île auprès des métropolitains restés en Europe