Sarah Bernhardt, actrice patriote

  • Paris. Gare de l'Est. Le théâtre aux armées. Monsieur Dalimier assiste au départ des artistes. [légende d'origine]
    • Paris. Gare de l'Est. Le théâtre aux armées. Monsieur Dalimier assiste au départ des artistes. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1916-05-09
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 766
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    Paris. Gare de l'Est. Le théâtre aux armées. Monsieur Dalimier assiste au départ des artistes. [légende d'origine]
  • Commercy (Meuse). L'arrivée des artistes du théâtre aux armées. [légende d'origine]
    • Commercy (Meuse). L'arrivée des artistes du théâtre aux armées. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1916-05-09
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 772
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    Commercy (Meuse). L'arrivée des artistes du théâtre aux armées. [légende d'origine]
  • Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt devant sa loge. Mlle Dussanne et Mme Duluc. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-10
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 773
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    Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt devant sa loge. Mlle Dussanne et Mme Duluc. [légende d'origine]
  • Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Sur la terrasse du château : Mme Sarah Bernhardt, Mme Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne. [légende d'origine]
    • Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Sur la terrasse du château : Mme Sarah Bernhardt, Mme Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1916-05-10
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 776
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    Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Sur la terrasse du château : Mme Sarah Bernhardt, Mme Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt pour la représentation. [légende d'origine]
    • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt pour la représentation. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 778
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    Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt pour la représentation. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt. [légende d'origine]
    • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1916-05-11
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    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 780
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    Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Madame Sarah Bernhardt. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
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    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 785
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    Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Madame Sarah Bernhardt. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt après la représentation donnée aux blessés de l'hôpital. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 786
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    Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt après la représentation donnée aux blessés de l'hôpital. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt après la représentation donnée aux blessés de l'hôpital. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 788
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  • Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) : Meurthe-et-Moselle
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 791
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    Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
  • Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt et Mme Lucienne Breval en wagon. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) : Meurthe-et-Moselle
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 792
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    Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt et Mme Lucienne Breval en wagon. [légende d'origine]
  • Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
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    • Date de fin : 1916-05-11
    • Lieu(x) : Meurthe-et-Moselle
    • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 21 X 795
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    Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
Attention, cette image peut heurter la sensibilité du public
Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
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Commercy (Meuse). L'arrivée des artistes du théâtre aux armées. [légende d'origine]

Comédienne la plus célèbre de la fin du XIXe siècle, Sarah Bernhardt a fait rayonner le théâtre français dans le monde entier. Mais elle s’est également engagée à de multiples reprises pour son pays, se mettant notamment au service des soldats français. À l’occasion du centenaire de son décès, ImagesDéfense vous fait revivre le versant patriotique de son incroyable carrière.

 

Naissance d’une étoile

Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt devant sa loge. Mlle Dussanne et Mme Duluc. [légende d'origine]
  • Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt devant sa loge. Mlle Dussanne et Mme Duluc. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1916-05-10
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 21 X 773
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La tragédienne Sarah Bernhardt devant sa loge au camp de Boucq. Sont présents Mlle Dussanne et M. Duluc.

Un siècle après la disparition de Sarah Bernhardt, alors que le théâtre a été successivement supplanté par le cinéma, la télévision et les réseaux sociaux, il est difficile d’imaginer la notoriété dont jouissait la comédienne à l’époque et de s’expliquer son succès. Il suffit pourtant de jeter un œil aux nombreux surnoms qu’on lui a attribués pour se rendre compte de l’aura qu’elle avait auprès de ses contemporains : « la Divine », « l’Impératrice du théâtre », « monstre sacré ».

 

Jeune femme audacieuse, persévérante et persuasive, Sarah Bernhardt débute dans le monde du théâtre en 1862. Elle intègre la Comédie-Française en sortant du Conservatoire d'art dramatique de Paris. Les premiers rôles qu’on lui confie ne sont pas à la hauteur de ses ambitions et ne laissent pas suffisamment de place à son talent pour s’exprimer. Elle peut néanmoins compter sur son charme – un atout dont elle jouera toute sa carrière –, qui ne laisse pas insensibles les hommes. Mais son caractère explosif lui joue des tours : elle est licenciée de la Comédie-Française à la suite d’une altercation avec la comédienne Mademoiselle Nathalie.

 

Sa carrière peine à décoller durant les premières années. Elle enchaîne les pièces sans grand succès et, ne supportant pas l’échec, n’hésite pas à démissionner lorsque les critiques ne sont pas bonnes. En 1867, elle est engagée au Théâtre impérial de l'Odéon. Si la salle ne jouit pas de la même réputation que la maison de Molière, elle compte néanmoins parmi les hauts lieux du théâtre parisien. Amoureuse de tragédie et de drame, Sarah Bernhardt ne peut que se sentir chez elle dans ce théâtre où le public français découvrit en 1827 les pièces de Shakespeare dans leur langue originale. Elle y obtient son premier grand succès avec Le Passant de François Coppée en 1869. Une étoile est née ; plus rien ne pourra l’arrêter de briller.

 

Au chevet des soldats de 1870

Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt pour la représentation. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Arrivée de Mme Sarah Bernhardt pour la représentation. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1916-05-11
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 21 X 778
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L'arrivée de Madame Sarah Bernhardt à Dieulouard pour une représentation théâtrale.

Lorsqu’éclate la guerre franco-prussienne à l’été 1870, Sarah Bernhardt souhaite apporter son soutien aux soldats français qui défendent le territoire contre l’invasion allemande. Elle est particulièrement sensible à la souffrance de la population durant cet épisode. « Ce n’était plus la patrie en danger qui me tenait les nerfs en éveil, mais les souffrances de tous ses enfants. Ceux qui se battaient là-bas ; ceux qu’on nous apportait fracassés ou mourants ; ces nobles femmes du peuple qui faisaient la queue des heures et des heures pour recevoir le morceau de pain, de viande, le pichet de lait nécessaire à nourrir les pauvres gosses », écrit-elle dans ses Mémoires.

 

En novembre, elle obtient du ministère de la Guerre l’autorisation de transformer l’Odéon en ambulance militaire. Devenue infirmière, Sarah Bernhardt consacre tout son temps à soigner les soldats blessés. Face à la demande, elle doit augmenter la capacité d’accueil de son ambulance, qui passe de soixante à soixante-dix lits. Trois cents soldats sont soignés à l’hôpital de l’Odéon pendant cinq mois. Parmi eux figure le jeune Ferdinand Foch, futur maréchal de France. Selon la légende, la comédienne l’aurait soignée elle-même dans sa propre loge, tous les lits étant occupés. Admirateur de Sarah Bernhardt, le jeune homme lui demande de lui dédicacer une photo. Les deux jeunes gens se croiseront plusieurs fois au fil de leur parcours, se fréquentant dans les salons parisiens durant la Belle Époque.

 

Une fois la guerre terminée, Sarah Bernhardt retourne sur les planches et reprend son ascension. Elle triomphe dans Ruy Blas de Victor Hugo à l’Odéon en 1872, ce qui lui vaut d’être baptisée « la Voix d’or » par le célèbre écrivain. Forte de ce succès, elle est réengagée par la Comédie-Française, où elle assied sa réputation jusqu’en 1880, date à laquelle elle prend son indépendance. Cette même année, la comédienne électrise la foule en récitant La Marseillaise lors de la première fête du 14 juillet. Elle aura de nombreuses autres opportunités de manifester son patriotisme mais, pour l’heure, elle préfère céder aux appels du monde entier et se lance dans une tournée internationale qui la conduit aux quatre coins du globe. Malgré la barrière de la langue, elle conquiert le public partout où elle joue. Elle est à l’apogée de sa carrière et le restera pendant près de trente ans, enchaînant les succès au théâtre comme au cinéma, à partir de 1900.

 

Joséphine Baker dans les FFL

À lire ensuite : Joséphine Baker au service de la France

 

Le début de la guerre, une épreuve personnelle

Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt après la représentation donnée aux blessés de l'hôpital. [légende d'origine]
  • Dieulouard (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt après la représentation donnée aux blessés de l'hôpital. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1916-05-11
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 21 X 786
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Mme Sarah Bernhardt après la représentation théâtrale donnée aux blessés de l'hôpital.

« Voir deux guerres dans une existence, c’est trop ! Et ne pouvoir rien faire, être infirme ! », s’exclame Sarah Bernhardt, qui a une jambe plâtrée, lorsqu’elle apprend la mobilisation en août 1914. Malgré la fermeture des salles de spectacle et l’avancée de l’armée allemande, l’actrice veut rester à Paris. Mais, son nom figurant la liste des personnes que les Allemands veulent prendre en otage à Paris, Clemenceau la convainc de s’éloigner. Elle part s’installer à Arcachon puis à Andernos. Durant les mois qu’elle passe là-bas, elle écrit des articles pour les journaux américains afin de susciter la sympathie de la population et tenter de convaincre le pays de prendre part au conflit.

 

En février 1915, souffrant terriblement au genou droit, qui a subi plusieurs accidents les années passées, elle écrit une lettre au docteur Pozzi pour lui demander de l’amputer. « On coupe en ce moment des jambes agiles à des pauvres gosses de vingt ans, on coupe des bras faits pour l’étreinte et vous me refuseriez cela à moi », tente-t-elle de le convaincre. Réalisée par le docteur Denucé, ancien élève de Pozzi, l’opération a lieu à Bordeaux le 22 février 1915. Frappée par une crise d’urémie, elle doit se reposer deux mois à la suite de l’opération. Elle essaie plusieurs prothèses pour remplacer sa jambe amputée mais ne parvient pas à s’y faire. Elle se déplacera désormais sur une chaise Louis XV montée sur brancards nécessitant deux porteurs, ce qui lui vaudra le surnom de « Mère Lachaise ».

 

Sarah Bernhardt reprend le théâtre à l’automne 1915, dès que son état de santé le lui permet. Bien qu’handicapée, l’actrice trouve la force de monter sur scène pour jouer de courtes pièces. Pour son retour, elle interprète Les Cathédrales, poème scénique dans lequel l’auteur Eugène Moranddonne parle aux principales cathédrales françaises qui racontent les horreurs que l’armée allemande leur fait subir. La comédienne, qui incarne la cathédrale de Strasbourg, est saisissante dans sa grande toge blanche au milieu du brouillard. Mais cela n’empêche pas certains spectateurs de faire du mauvais esprit. Lors de la première représentation, tandis que les trois coups résonnent, un homme qui suppose qu’elle porte une jambe de bois lance : « Tiens, la voilà ! ».

 

La star du Théâtre aux armées

Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Sur la terrasse du château : Mme Sarah Bernhardt, Mme Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne. [légende d'origine]
  • Boucq (Meurthe-et-Moselle). Le théâtre aux armées. Sur la terrasse du château : Mme Sarah Bernhardt, Mme Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1916-05-10
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 21 X 776
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Sur la terrasse du château de Boucq, Sarah Bernhardt, Lucienne Breval, M. Duminy, Mme Duluc, M. Fursy et Melle Dussanne.

Au premier semestre de 1916, Sarah Bernhardt apprend que des acteurs de la Comédie-Française préparent une tournée pour soutenir le moral des troupes. Malgré son passé tumultueux avec la maison de Molière, son âge avancé et son fragile état de santé, la comédienne veut participer à ce projet. Elle souhaite apporter sa contribution à la guerre et encourager les soldats, prolongeant ainsi la mission d’infirmière militaire qu’elle avait remplie pendant la guerre franco-prussienne. C’est aussi l’occasion pour elle de réaliser l’un de ses rêves : aller au plus près du front. « Je n’ai pas peur des obus. Qu’est-ce que cela peut me faire, à moi ? Ne serait-ce pas terminer ma carrière d’une façon glorieuse ? Mais c’est trop beau, je n’ose rêver d’une telle chose… », rapporte André Castelot dans la biographie qu’il lui a consacrée. Ces propos n’ont rien de surprenant, l’actrice ayant toujours eu une certaine passion pour le morbide – elle allait jusqu’à dormir dans un cercueil qu’elle s’était fait faire.

 

Sarah Bernhardt embarque avec la troupe du Théâtre aux armées au printemps 1916. Se transformant en troubadours itinérants, les comédiens circulent sur le front de Loraine, se déplaçant en train quand les conditions le permettent ou bien en voiture. Ils sont accompagnés d’un important matériel pour pouvoir donner des représentations dignes de ce nom. Scène, rideau, décors, loges… Les soldats qui assistent au spectacle se croiraient dans un vrai théâtre ! La troupe joue partout où cela est possible : dans les châteaux, les hôpitaux, les granges et souvent en plein air.

 

Ne pouvant plus marcher, Sarah Bernhardt doit être transportée sur sa chaise, dispositif dont l’effet théâtral ne doit pas la laisser indifférente. Une fois qu’elle est installée sur scène et que le rideau s’ouvre, son infirmité disparaît comme par magie. Grâce à son jeu expressif, la comédienne emporte l’adhésion du public. Suivie par La Marseillaise, sa performance est ovationnée par les soldats, extatiques devant la star du théâtre. « Le miracle opérait une fois de plus ; Sarah, vieille, mutilée, éclairait encore une foule du rayonnement de son génie ; cet être fragile, blessé et immobile pouvait encore, par la magie de son verbe, sonner l’héroïsme aux soldats sortant de l’action », racontera plus tard la comédienne Béatrix Dussane, présente lors de la tournée, dans son livre Reines de Théâtre.

 

L’actrice est profondément touchée par l’accueil que lui réservent les soldats. « J’aurais voulu mourir là, au milieu d’eux, si fraternels, si héroïques, si gais, si joyeusement, si simplement Français ! Non, il n’y a pas de théâtre somptueux, de publics de rois, de milliardaires, d’altesses et de grandes dames, qui vaillent ce public de soldats de France », déclare-t-elle lors d’un entretien accordé à la revue Je sais tout en octobre 1916.

 

La plus célèbre des ambassadrices françaises

Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
  • Le théâtre aux armées. Mme Sarah Bernhardt causant au sous-lieutenant Varcin. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1916-05-11
  • Lieu(x) : Meurthe-et-Moselle
  • Auteur(s) : Agié Jacques Gabriel François
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 21 X 795
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Madame Sarah Bernhardt du théâtre aux armées discute avec le sous-lieutenant Vancin lors du voyage en train.

Non contente d’aller à la rencontre des soldats sur le front, Sarah Bernhardt souhaite également entretenir le moral de la population à l’arrière. Pour ce faire, elle se tourne vers le cinéma, qui permet de toucher un public bien plus grand que le théâtre. Les premiers films ayant trait au conflit sortent en 1915, produits pour la plupart par la société Gaumont. Ils relatent des histoires d’amour contrariées par la guerre, des drames familiaux et des actes d’héroïsme. À la tête du Service cinématographique de l’armée, Jean-Louis Croze prend conscience de l’intérêt que représente le cinéma pour contrer la propagande allemande et décide de produire des films patriotiques. Sarah Bernhardt accepte sans hésitation de participer au projet, auquel contribue également le réalisateur Louis Mercanton avec lequel elle a déjà tourné à plusieurs reprises.

 

Tourné en 1916 et diffusé en 1917, le film Mères françaises met en scène deux familles de province prises dans la tourmente de la guerre. Sarah Bernhardt y interprète Jeanne d'Urbex, une femme bourgeoise qui s’engage comme infirmière de campagne tandis que son mari et son fils sont mobilisés. Malgré la mort de ces deux derniers sur le champ de bataille, le personnage de la comédienne, incarnation de la patrie, justifie le prix de la guerre : « Cette guerre, même nous les mères, nous n’avons pas le droit de la maudire. Ceux que nous pleurons sont morts pour que notre mère à tous, la France, ne meure pas. »

 

À la fin du mois de septembre 1916, Sarah Bernhardt se lance dans une grande tournée aux États-Unis. Cette série de spectacles a un double objectif. Le premier est financier : l’actrice, qui n’a jamais regardé à la dépense, n’a plus d’argent et doit renflouer ses caisses. Le second est diplomatique : la comédienne veut apporter son aide pour convaincre le gouvernement américain d’entrer en guerre aux côtés des Alliés. Long de dix-huit mois, le périple se révèle particulièrement éprouvant pour l’actrice, qui est victime d’une crise d’urémie en mars 1917 et doit se reposer plusieurs mois.

 

Le succès est néanmoins au rendez-vous. Amateurs de théâtre ou simples curieux désireux de voir en vrai la grande légende du théâtre, tous se bousculent dans les salles où elle se produit. La presse n’est pas toujours tendre avec elle : lors de son arrivée à New York, on la présente comme « l’actrice la plus vieille du monde » ! Le public, lui, l’ovationne. « Vive la France ! », crie-t-on dans la salle. En avril 1917, les États-Unis annoncent leur engagement dans le conflit. La Divine aurait-elle eu raison de l’isolationnisme américain ? L’hypothèse est séduisante, bien que quelque peu audacieuse. Mais nombreux sont ceux qui, à l’époque, s’interrogent sur le rôle qu’a joué Sarah Bernhardt dans cette décision.

 

Par le plus grand des hasards, Sarah Bernhardt rentre en France le 11 novembre 1918, le jour même de l’armistice. C’est un retour éminemment symbolique, quoiqu’involontaire, pour celle qui n’a cessé de défendre la cause de la France depuis le début du conflit, soutenant les soldats, encourageant la population et promouvant son pays à l’étranger. Malgré son engagement, la comédienne ne se voit pas offrir d’hommage national à son décès, le 26 mars 1923. Mais cela n’empêche pas 600 000 personnes de suivre son cortège funéraire pour lui manifester leur reconnaissance et leur admiration. Vedette jusqu’au bout, Sarah Bernhardt obtient son dernier triomphe.

Maxime Grandgeorge

 

Pour aller plus loin

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