La bataille de Vimy, un mythe fondateur canadien

  • Les moutons du mémorial de Vimy.
    • Les moutons du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0030
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    Les moutons du mémorial de Vimy.
  • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0034
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    Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
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    • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0035
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    Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
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    • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0041
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    Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
  • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
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    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0051
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    Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
  • Arbres et cratères d'obus au mémorial de Vimy.
    • Arbres et cratères d'obus au mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0057
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    Arbres et cratères d'obus au mémorial de Vimy.
  • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0085
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    Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
  • Poste de tir et d'observation au mémorial de Vimy.
    • Poste de tir et d'observation au mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0097
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    Poste de tir et d'observation au mémorial de Vimy.
  • Vue en contre-plongée sur le mémorial national canadien de Vimy.
    • Vue en contre-plongée sur le mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0219
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    Vue en contre-plongée sur le mémorial national canadien de Vimy.
  • Gros plan sur le monument commémoratif du mémorial de Vimy.
    • Gros plan sur le monument commémoratif du mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0222
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    Gros plan sur le monument commémoratif du mémorial de Vimy.
  • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0237
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    Statue du mémorial national canadien de Vimy.
  • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0240
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    Statue du mémorial national canadien de Vimy.
  • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0245
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    Statue du mémorial national canadien de Vimy.
  • Statue de femme au mémorial national canadien de Vimy.
    • Statue de femme au mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0257
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    Statue de femme au mémorial national canadien de Vimy.
  • Vue en contre-plongée du mémorial national canadien de Vimy.
    • Vue en contre-plongée du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0277
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    Vue en contre-plongée du mémorial national canadien de Vimy.
  • Plan d'ensemble du mémorial national canadien de Vimy.
    • Plan d'ensemble du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0283
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    Plan d'ensemble du mémorial national canadien de Vimy.
  • Vue depuis l'entrée du mémorial national canadien de Vimy.
    • Vue depuis l'entrée du mémorial national canadien de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0291
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    Vue depuis l'entrée du mémorial national canadien de Vimy.
  • Anciens souterrains restaurés au mémorial de Vimy.
    • Anciens souterrains restaurés au mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0367
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    Anciens souterrains restaurés au mémorial de Vimy.
  • Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
    • Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0371
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    Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
  • Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
    • Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
    • Date de fin : 2008-09-25
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Dupont Sébastien
    • Origine : ECPAD
    • Référence : N2008-160S03-0381
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    Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
  • La crête de Vimy. [légende d'origine]
    • La crête de Vimy. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-07-17
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 3 LO 241
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    La crête de Vimy. [légende d'origine]
  • Au Vert-Tilleul, croisement de routes des "Tilleuls". [légende d'origine]
    • Au Vert-Tilleul, croisement de routes des "Tilleuls". [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-08-26
    • Lieu(x) : Pas-de-Calais
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 5 LO 562
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    Au Vert-Tilleul, croisement de routes des "Tilleuls". [légende d'origine]
  • Bois de la Folie, au fond Vimy. [légende d'origine]
    • Bois de la Folie, au fond Vimy. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-07-26
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 5 LO 567
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    Bois de la Folie, au fond Vimy. [légende d'origine]
  • Plaine de Lens, vue du Petit-Vimy. [légende d'origine]
    • Plaine de Lens, vue du Petit-Vimy. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-08-26
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 5 LO 572
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    Plaine de Lens, vue du Petit-Vimy. [légende d'origine]
  • Le Petit-Vimy, ruines. [légende d'origine]
    • Le Petit-Vimy, ruines. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-08-26
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 5 LO 569
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    Le Petit-Vimy, ruines. [légende d'origine]
  • La crête de Vimy, vue de la fosse 14 de Lens, à la gauche la fosse n°3, à droite la fosse de Liévin. [légende d'origine]
    • La crête de Vimy, vue de la fosse 14 de Lens, à la gauche la fosse n°3, à droite la fosse de Liévin. [légende d'origine]
    • Date de fin : 1917-07-16
    • Lieu(x) :
    • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
    • Origine : SPA/SPCA
    • Référence : SPA 3 LO 227
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    La crête de Vimy, vue de la fosse 14 de Lens, à la gauche la fosse n°3, à droite la fosse de Liévin. [légende d'origine]
Attention, cette image peut heurter la sensibilité du public
La crête de Vimy, vue de la fosse 14 de Lens, à la gauche la fosse n°3, à droite la fosse de Liévin. [légende d'origine]
Attention, cette image peut heurter la sensibilité du public
Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.

Considérée comme l’une des plus grandes victoires de l’armée canadienne lors de la Grande Guerre, la bataille de Vimy a été élevée au fil des décennies au rang de mythe fondateur de la nation canadienne. Aujourd’hui encore, cet épisode glorieux est associé à la naissance d’une identité nationale singulière et à l’obtention d’une véritable autonomie politique vis-à-vis de l’empire britannique.


Au Vert-Tilleul, croisement de routes des "Tilleuls". [légende d'origine]
  • Au Vert-Tilleul, croisement de routes des "Tilleuls". [légende d'origine]
  • Date de fin : 1917-08-26
  • Lieu(x) : Pas-de-Calais
  • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 5 LO 562
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Des soldats britanniques et français occupent le croisement des "Tilleuls". Situé à l'est du village de Thélus, et au sud de Vimy, le village des Tilleuls es...

Après de rudes négociations au début de l’année 1917, les généraux français Robert Nivelle et anglais Douglas Haig s’accordent sur une grande offensive de printemps qui sera coordonnée entre Français et Britanniques sur deux fronts. L’attaque principale, qui doit mobiliser plus d’un million d’hommes, sera menée par les troupes françaises dans l’Aisne, sur le Chemin des Dames. Elle est destinée à rompre le front allemand entre Reims et Soissons. Elle sera précédée d’une offensive de l’armée britannique dans un secteur allant de Lens à Amiens quelques jours avant le déclenchement de l’assaut principal français. Dès lors, les Britanniques se lancent dans les préparatifs de l’opération qui doit être déclenchée au début d’avril 1917. La planification de l’attaque prend en compte toutes les leçons tirées de la bataille de Somme, l’état-major britannique voulant absolument éviter l’hécatombe des combats de 1916. Lors de cette grande offensive britannique connue sous le nom de bataille d’Arras, la Ire armée britannique, constituée essentiellement des quatre divisions canadiennes (52 bataillons dont 48 canadiens et 4 britanniques) commandées par le général anglais Julian Byng, reçoit la mission de prendre les hauteurs de Vimy, situées sur le flanc nord de la ligne d’assaut britannique.


L’attaque est l’objet d’une longue et minutieuse préparation, sous la direction personnelle du général Julian Byng. Cette préparation constitue une des principales caractéristiques de la bataille à venir, tant il était habituellement impossible d’y consacrer autant de temps (ce sera d’ailleurs la seule fois que le Corps canadien bénéficiera de trois mois pour se préparer avant une offensive). Des évolutions notoires voient le jour, en particulier en matière de connaissance du champ de bataille et de spécialisation des fantassins. La préparation d’artillerie débute dès le 20 mars sur le secteur de Vimy et le 4 avril sur le reste du secteur. Presque 1 000 canons et mortiers pilonnent les positions allemandes, à raison d’un quota quotidien moyen de 2 500 tonnes d’obus.


Environ 15 000 fantassins, appartenant à 21 bataillons, s’entassent dans des tunnels creusés pour l’occasion dans la nuit du 8 au 9 avril. Au petit matin du lundi de Pâques 9 avril 1917, les quatre divisions canadiennes montent à l’assaut côte à côte par vagues successives derrière un tir de barrage roulant qui nécessite une parfaite synchronisation du mouvement des troupes avec l’arrêt des tirs. Les dernières positions allemandes sont prises dans la soirée du 12 avril. Le résultat est important puisque le Corps canadien a progressé d’environ 4 km, capturé 4 000 prisonniers, 54 canons, 104 mortiers de tranchées et 124 mitrailleuses. Il a également perdu 10 602 soldats, dont 3 598 tués.


La crête de Vimy. [légende d'origine]
  • La crête de Vimy. [légende d'origine]
  • Date de fin : 1917-07-17
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Lorée Marcel Adrien Léon
  • Origine : SPA/SPCA
  • Référence : SPA 3 LO 241
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Entièrement dévastée par les bombardements, la crête de Vimy, point stratégique qui domine la plaine de Lens, a été conquise le 9 avril 1917 par les troupes ...

Plus largement, les premiers jours de la bataille d’Arras se traduisent par de nets succès de l’armée britannique. Cette avance rapide contraint l’armée allemande à un repli stratégique sur sa deuxième ligne de défense puis sa troisième, mais l’arrivée d’importants renforts, conjuguée à l’impossibilité britannique de poursuivre l’offensive (l’infanterie a désormais dépassé le rayon d’action de l’artillerie que l’on n’arrive pas à hisser immédiatement en haut de la crête), lui permet ensuite de contre-attaquer. Dès lors, la bataille d’Arras s’enlise dans des combats locaux et meurtriers. Le bilan semble à première vue favorable pour l’armée britannique avec 20 000 prisonniers allemands, de nombreuses armes et munitions saisies, des gains de terrain sur une profondeur d’une dizaine de kilomètres et le désenclavement de la ville d’Arras. Mais ce succès relatif est obtenu au prix de pertes très élevées : près de 150 000 soldats de l’armée impériale ont été mis hors de combat durant les mois d’avril et mai 1917.


Une victoire rapidement récupérée par la presse canadienne

Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
  • Tranchées restaurées du mémorial de Vimy.
  • Date de fin : 2008-09-25
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Dupont Sébastien
  • Origine : ECPAD
  • Référence : N2008-160S03-0044
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Les tranchées restaurées témoignent de la proximité des lignes de front.

Les journaux canadiens, y compris québécois, relatent la bataille de Vimy à partir du récit du correspondant de guerre Stuart Lyon. Celui-ci omet d’inscrire l’attaque dans le contexte de la bataille d’Arras, dont elle n’est pourtant qu’un élément, et présente Vimy comme une victoire exceptionnelle des seuls Canadiens. Cette décontextualisation est un des fondements de la construction mémorielle qui va suivre. Si l’on peut la comprendre pour une presse nationale qui cherche à encenser les enfants du pays, la conséquence de ces premiers récits est fondamentale pour comprendre ce que beaucoup d’historiens appellent le mythe de Vimy.


Les articles de journaux mettent très rapidement l’accent sur trois éléments qui vont revenir comme des leitmotivs dans tous les récits ultérieurs. Premièrement, les journalistes rappellent les tentatives des Français, qualifiées systématiquement d’échecs, à prendre la position entre 1914 et 1915, afin de rendre la victoire canadienne plus héroïque et signifiante. Peu à peu, le récit se simplifiera pour aboutir à dire que les Canadiens ont réussi là où tous les autres avaient échoué. Deuxièmement, la presse insiste sur l’alignement des quatre divisions canadiennes pour la première fois sur un champ de bataille, par ordre numérique croissant du sud au nord. Moins de quatre mois après l’intégration de la 4e division au Corps canadien, et grâce au renfort d’une division britannique en réserve, les quatre divisions canadiennes peuvent en effet être alignées sur le champ de bataille. Mais auparavant, à Saint-Julien par exemple, alors qu’il n’existait qu’une seule division, tous les Canadiens sous uniforme ont combattu ensemble (et il y avait déjà des Canadiens originaires de toutes les provinces dans les bataillons de la 1re division). À Courcelette où le Corps canadien reçoit pour la première fois un objectif offensif précis, deux divisions étaient montées à l’assaut alors que la troisième formait leur réserve (et participe aux combats). Si cette affirmation n’est pas fausse, elle ne correspond donc pas non plus à une rupture marquante, mais ressemble plus à une interprétation favorable d’un parti pris narratif.


Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
  • Restes d'une chambrée souterraine au mémorial de Vimy.
  • Date de fin : 2008-09-25
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Dupont Sébastien
  • Origine : ECPAD
  • Référence : N2008-160S03-0381
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Troisièmement, la presse ne mentionne que le rôle des troupes canadiennes dans la bataille, en omettant de citer la forte participation britannique (la plupart des officiers dont le général Byng, une part importante de l’artillerie, une division d’infanterie, les huit chars d’assaut, des unités de soutien, des unités médicales, l’aviation). Pour décrire les Byng Boys et prouver qu’ils ont pris conscience de leur appartenance à une nation canadienne naissante, les journalistes comprennent qu’il est indispensable que soit gommée toute présence étrangère dans leurs récits. Il ne faut pas y voir l’habituelle propagande patriotique de la presse en temps de guerre, mais bien un message politique adressé à différents destinataires : le gouvernement et l’opinion publique britanniques, les soldats du Corps canadien dont au moins 50% sont nés au Royaume-Uni, ainsi que tous les nouveaux immigrants vivant au pays. C’est aussi un message à tous les jeunes hommes du Canada qui n’ont pas encore rejoint les rangs du Corps canadien. Par tous ces raccourcis narratifs, Vimy devient rapidement la principale, voire la première, victoire de l’armée canadienne lors de la Grande Guerre. C’est faire peu de cas des combats de Saint-Julien (avril 1915), du mont Sorrel (juin 1916) ou encore de Courcelette (septembre 1916), où les troupes canadiennes ont déjà démontré toutes leurs qualités dans des conditions extrêmes. Toujours est-il que les premiers éléments qui caractérisent pour beaucoup la victoire de Vimy encore aujourd’hui sont en place.


Cet enthousiasme journalistique obtient immédiatement l’assentiment du gouvernement canadien qui comprend le profit à en tirer, alors qu’un mois plus tôt Lloyd George, le premier ministre du Royaume-Uni, vient de créer le cabinet impérial de guerre (Imperial War Cabinet), afin de mieux planifier et coordonner l’effort de guerre avec les dominions. À l’instar des autres représentants des dominions, en particulier le Sud-Africain Jan Smuts, le premier ministre Borden trouve enfin l’occasion de réclamer l’égalité entre les gouvernements de l’Empire et, par voie de conséquence, le partage des responsabilités. Dans un premier temps, c’est un accroissement de l’autonomie militaire du Canada que Borden tente d’obtenir. La victoire de Vimy tombe à point nommé pour soutenir cette revendication. Une résolution qui prévoit la tenue d’une conférence impériale spéciale après la guerre afin de redéfinir les relations des parties membres de l’Empire est adoptée en ce mois d’avril. Elle devra prendre en compte « la pleine reconnaissance des dominions en tant que nations autonomes d’un Commonwealth impérial » et donner aux dominions et à l’Inde le « droit à une voix adéquate dans la politique étrangère ».


Un mythe fondateur qui perdure

Plan d'ensemble du mémorial national canadien de Vimy.
  • Plan d'ensemble du mémorial national canadien de Vimy.
  • Date de fin : 2008-09-25
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Dupont Sébastien
  • Origine : ECPAD
  • Référence : N2008-160S03-0283
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Au premier plan flottent les drapeaux français et canadien, ainsi que le pavillon rouge représentant le corps expéditionnaire canadien.

Les cinq éléments qui constituent aujourd’hui le « mythe de Vimy » se mettent en place entre 1917 et 1967 pour des raisons politiques différentes et aboutissent au récit officiel que nous connaissons aujourd’hui.


Le lundi de Pâques 9 avril 1917, le Corps canadien monte à l’assaut de la crête de Vimy, sous la neige, en alignant pour la première et unique fois de la guerre ses quatre divisions. Vimy serait donc selon certains une victoire acquise exclusivement par les troupes canadiennes, avec un commandement canadien (1). Sous un barrage roulant d’artillerie et au terme de combats acharnés, les objectifs sont pris en trois jours par les troupes canadiennes, scellant ainsi une victoire éclatante qui avait échappé en 1915 et 1916 aux troupes françaises et britanniques (2). Cette victoire serait un tournant stratégique dans la conduite de la guerre en cette année 1917 marquée par les échecs militaires des Alliés. Elle aurait permis aux Alliés de reprendre le dessus sur l’armée allemande alors que les Français échouaient au même moment au Chemin des Dames (3). À Vimy, les soldats canadiens, venant de toutes les provinces du Canada, auraient pris conscience de leur appartenance à la jeune nation canadienne. C’est ici que serait né le Canada (the birth of a nation), grâce à cette révélation et au sacrifice accepté de ces jeunes Canadiens (4). Cette victoire aurait permis au Canada de voir le commandement de son armée confié au général canadien Arthur Currie, de faire reconnaître la supériorité guerrière de ses troupes, puis d’être présent à la table des négociations lors de la Conférence de paix de 1919 et de signer le traité de paix de Versailles du 28 juin 1919 (5).


Statue du mémorial national canadien de Vimy.
  • Statue du mémorial national canadien de Vimy.
  • Date de fin : 2008-09-25
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Dupont Sébastien
  • Origine : ECPAD
  • Référence : N2008-160S03-0245
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Drapée dans une longue pèlerine, une femme affligée se dresse à l'avant du monument, face à la plaine de Douai : elle symbolise le Canada qui pleure ses morts.

De 1917 aux années 1920, Vimy est utilisé avec deux objectifs : au niveau national, la création d’une identité singulière dans laquelle peuvent se reconnaître anciens et nouveaux Canadiens, y compris les peuples autochtones ; au niveau international, la revendication vis-à-vis de Londres, d’abord d’une plus grande autonomie au sein de l’Empire, puis de la complète souveraineté.


Au moment de l’inauguration du mémorial en 1936, le Canada est devenu pleinement souverain depuis cinq ans. Comme dans tous les pays occidentaux, la Grande Guerre doit être la Der des Ders qui ouvre une ère de paix. Les discours officiels canadiens préfigurent la conception pearsonienne du maintien de la paix. Le mémorial de Vimy représente le lieu de deuil des familles qui ont perdu un être cher sans que le corps soit retrouvé, mais incarne également tous les morts canadiens de la Grande Guerre, puis progressivement l’engagement canadien dans le conflit.


Une bataille devenue « identitaire »

Gros plan sur le monument commémoratif du mémorial de Vimy.
  • Gros plan sur le monument commémoratif du mémorial de Vimy.
  • Date de fin : 2008-09-25
  • Lieu(x) :
  • Auteur(s) : Dupont Sébastien
  • Origine : ECPAD
  • Référence : N2008-160S03-0222
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Les noms des combattants canadiens "manquants à l'appel et présumés morts" sont gravés sur la pierre blanche du monument.

Il faut attendre 1967, en plein choc des nationalismes canadien et québécois, pour qu’apparaisse le cinquième élément du mythe : Vimy aurait permis aux soldats canadiens puis à la population canadienne de prendre conscience de l’existence d’une identité canadienne. Vimy aurait été la naissance d’une nation (the birth of a nation). Née sous la plume du général Alexander Ross, ancien commandant du 28e bataillon et président de la Légion royale canadienne (« C’était tout le Canada, de l’Atlantique au Pacifique, qui passait. J’ai pensé alors que, pendant ces quelques minutes, j’assistais à la naissance d’une nation. »), puis reprise par le premier ministre Pearson, serait-elle apparue sans l’affirmation identitaire québécoise engendrée par la Révolution tranquille ? Désormais c’est bien la question québécoise qui détermine l’utilisation du mythe de Vimy par le gouvernement fédéral.


La période Harper ouvre une période d’une autre utilisation de la Première Guerre mondiale et de ce qui devient « l’effet Vimy » dans les propos du général Rick Hillier, chef d’état-major de l’armée canadienne de février 2005 à avril 2008. Si la question québécoise existe toujours, Stephen Harper ne semble pas avoir utilisé Vimy directement pour y répondre. Vimy devient plutôt un symbole de sa révolution conservatrice et nationaliste qui doit voir le Canada devenir une puissance militaire qui compte sur la scène internationale.


L’élection de Justin Trudeau est un nouveau virage pour la mémoire de Vimy. Fidèle à la conception sociétale de son père et pragmatique dans sa vision de la Grande Guerre, il prononce le 9 avril 2017 un discours empruntant à toutes les utilisations précédentes de la bataille de Vimy. Pour lui, le pacifisme, le multiculturalisme, la naissance d’une nation et l’émotion sont autant de valeurs et de sentiments que Vimy doit servir. Dans sa conception d’une nouvelle société multiculturelle, la naissance d’un nouveau pays en 1917 ne peut le gêner, bien au contraire. En effaçant lui aussi les siècles précédents d’histoire, ainsi que les particularités historiques de chaque communauté, Trudeau pense donner à chacun, en particulier les Néo-Canadiens, la possibilité de trouver sa place dans la société canadienne. C’est cette identité canadienne qui doit l’emporter sur les provinciales, en particulier sur le Québec qui propose certainement la plus forte identité particulière parmi les provinces canadiennes. Le spectacle artistique offert le 9 avril 2017 à Vimy par les autorités canadiennes est le parfait reflet de cette politique.

Laurent Veyssière



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