Le Rafale, l’avion incontournable des OPEX
Près de quinze ans après sa mise en service, l’avion de chasse Rafale est devenu l’un des symboles de l’armée française. ImagesDéfense vous propose de découvrir l’histoire de cet appareil conçu par Dassault Aviation, aujourd’hui incontournable.
De l’impossible programme européen…
Au début des années 1970, alors que les Américains et les Soviétiques continuent de se livrer une « guerre froide » aux quatre coins du globe, l’Europe reste en alerte. Les armées des principales puissances européennes, qui doivent toujours avoir un coup d’avance sur leurs potentiels adversaires, se préparent déjà au nouveau millénaire. Constatant qu’ils sont confrontés aux mêmes problématiques, Français, Britanniques, Allemands (RFA), Italiens et Espagnols envisagent de mettre en commun leurs efforts pour construire un nouvel avion de chasse.
Le projet prend forme à l’aube des années 1980 mais, très vite, les discussions mettent en évidence de grandes divergences entre les armées réunies autour de la table. La France veut un appareil polyvalent capable d’effectuer toutes sortes de missions (air-air, air-sol et air-mer) tandis que ses voisins souhaitent un appareil plus spécifique qui se concentre sur des missions air-air. À cela s’ajoutent des dissensions sur le moteur utilisé, la Grande-Bretagne souhaitant imposer un moteur Rolls-Royce, et sur le poids de l’appareil, point crucial pour la France qui souhaite que ce nouvel appareil puisse être embarqué sur un porte-avion.
Ne pouvant accepter que la Snecma, principal constructeur français de moteurs pour l’industrie aéronautique, soit exclu du projet, l’État français finit par se retirer du programme en juillet 1985. Les Britanniques, Allemands, Espagnols et Italiens poursuivent leur coopération et se lancent dans la construction de l’Eurofighter Typhoon. La France a désormais les mains libres pour concevoir son futur avion de chasse. Le projet Rafale est né.
…à l’aventure française en solo
Lorsque Dassault Aviation se lance dans la réalisation du Rafale, le concepteur aéronautique a déjà six avions de chasse à son actif, dont le célèbre Ouragan et plusieurs modèles de Mirage. Conçu comme un avion omnirôle – le premier du genre –, le Rafale est censé remplacer sept types d’avion utilisés dans la Marine nationale et l’armée de l’Air française : le Super Étendard, le Crusader, le Mirage IV, le Mirage F1, le Jaguar, les Mirage 2000 D/N et C/2000-5.
Le premier vol du démonstrateur a lieu le 4 juillet 1986, moins de deux mois après le décès de Marcel Dassault, fondateur du célèbre groupe d’aviation. Signé le 21 avril 1988, le contrat prévoit la livraison du premier avion en 1996, de la première flottille en 1998 et du premier escadron en 2000. Le contrat d’industrialisation est signé à la fin de l’année 1992, après plusieurs essais concluants effectués avec des prototypes. Jusqu’ici, tout va bien.
Sauf que le programme Rafale est loin de faire l’unanimité. Alors que le budget de la Défense est réduit, le nombre d’avions commandés est revu à la baisse : 294 appareils pour un coût total de 35 milliards d’euros. Face aux restrictions budgétaires, le programme est même suspendu en novembre 1995, avant d’être relancé peu après. Prévue pour 1996, la livraison initiale est repoussée de plus d’un an. L’avion sera finalement livré avec plusieurs années de retard.
Un avion devenu incontournable en OPEX
Le Rafale est mis en service dans la Marine nationale en 2002 puis dans l’armée de l’Air en 2006, après avoir été expérimenté dès 2001 au cours de l’opération Enduring Freedom dans le ciel afghan. Les modèles Air et Marine de l’avion sont officiellement engagés en Afghanistan à partir de 2007. Fort de son succès, l’appareil participe ensuite à toutes les opérations extérieures auxquelles prend part l’armée française : Libye en 2011 (opération Harmattan), Mali en 2013 (opération Serval), Irak et Syrie en 2014 contre l’État islamique (opération Chammal).
Véritable couteau-suisse aérien capable d’atteindre la vitesse de 1,8 Mach (soit près de deux fois la vitesse du son), le Rafale participe aussi bien à des opérations de défense aérienne, de bombardement stratégique et de dissuasion nucléaire qu’à des missions d'appui au sol et de reconnaissance aérienne. Il bénéficie de technologies de pointe et peut embarquer les armements les plus modernes, comme des missiles d'interception, de combat et d'auto-défense (MICA) et des missiles Air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A).
La plus longue mission de l’armée de l’Air
Constituée de cent quarante-neuf appareils en 2021, la flotte française de Rafale totalise plus de deux cent mille heures de vol au compteur, dont plus de trente mille ont été effectuées en opérations extérieures. L’avion a fait ses preuves grâce à sa polyvalence et à sa rapidité de déploiement, parvenant même à s’exporter à l’étranger après plusieurs échecs commerciaux. Le Rafale jouit aujourd’hui d’un certain prestige dans le monde militaire, et pour preuve : le modèle Marine est le seul avion de combat non-américain à être autorisé à opérer depuis les porte-avions des États-Unis.
Reconnaissable à ses ailes delta et ses plans « canard », le Rafale est devenu l’un des symboles de l’armée française au fil des opérations auxquelles il a participé. Il est même entré dans la légende en réalisant la plus longue mission de l’Histoire de l’armée de l’Air française, en 2013 au Mali. Partis de Saint-Dizier (Haute-Marne), quatre Rafale ont parcouru 3 500 km jusqu’à la zone nord-malienne dans laquelle ils ont mené plusieurs attaques, avant d’effectuer 2 000 km supplémentaires pour se poser à N’Djamena, la capitale du Tchad. Cinq ravitaillements ont été nécessaires durant ce raid qui dura 9 heures et 35 minutes. Un exploit !
Pour aller plus loin
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