Opération Pamir : protéger et reconstruire Kaboul
Décembre 2001. Mandatée par l’ONU, la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) est créée pour aider le nouveau gouvernement afghan à assurer la sécurité de la population et reprendre le contrôle du pays. Les soldats français de l’opération Pamir s’engagent aux côtés de la coalition et volent au secours de Kaboul, ravagée par la guerre et la pauvreté.
Une transition difficile
Durement éprouvée par les conflits meurtriers de la fin du XXe siècle qui touchèrent l’Afghanistan – guerre avec l’URSS de 1979 à 1989, guerre civile au début des années 1990 –, Kaboul se retrouve de nouveau dans la tourmente à l’aube du XXIe siècle. La capitale afghane redevient le théâtre de combats à l’automne 2001, lorsqu’une coalition internationale menée par les États-Unis intervient pour chasser les talibans suspectés de protéger Oussama Ben Laden, chef de l’organisation terroriste Al-Qaïda et commanditaire des attentats du 11 septembre.
L’opération américaine Liberté immuable (Enduring Freedom) débute le 7 octobre 2021 avec pour objectifs principaux la capture de Ben Laden et le renversement du gouvernement taliban. La France prend part à l’intervention et lance l’opération Héraclès. Les forces aériennes françaises sont mobilisées dès le 21 octobre, tandis que les premiers soldats français sont déployés sur le sol afghan à la mi-novembre. La capitale est conquise le 14 novembre sans trop de difficultés par les forces de la coalition. Reste à constituer un nouveau gouvernement.
Une autorité de transition afghane chargée d’assurer la reconstruction du pays et la sécurité de la population est créée dans les semaines qui suivent la libération de Kaboul. Mais, démunie face à l’ampleur de la tâche qui l’attend, cette nouvelle autorité demande assistance auprès de l’ONU. La Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) voit le jour le 20 décembre 2001, lors de la Conférence de Bonn. Mandatée par l’ONU (elle sera placée sous l’égide de l’OTAN à partir de 2003), elle doit venir appuyer dans leurs missions les responsables politiques chargés de reprendre les rênes du pays. La participation française à cette force internationale prend le nom d’opération Pamir et durera treize années, tout comme la FIAS.
Sécuriser, former et protéger
La principale mission de la FIAS est de porter assistance aux autorités afghanes dans leur reprise en main du pays. Cette assistance commence par la sécurisation de la capitale et de ses alentours puis, dans un second temps, de l’ensemble du territoire national. Pour ce faire, les soldats français participent à des patrouilles de reconnaissance et mènent des opérations de dépollution, notamment dans des dépôts de munitions et des anciennes usines, faisant parfois intervenir le groupe NEDEX (neutralisation, enlèvement et destruction des explosifs).
La FIAS apporte également son soutien opérationnel aux forces afghanes et participe à l’instruction des troupes afin de doter le pays d’une armée autonome et apte à protéger son territoire et sa population. Le transfert des responsabilités en matière de sécurité se fera très progressivement, entre 2011 et 2013. Malgré les efforts engagés par la FIAS, l’armée afghane ne parviendra pas à contrer les attaques des talibans, qui reprendront le contrôle du pays à l’été 2021 après le retrait des derniers militaires de la coalition.
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Ce soutien est d’autant plus nécessaire que l’Alliance du Nord, principal groupe armé luttant contre les talibans, a été fragilisée par l’assassinat de son chef, le commandant Massoud, lors d’un attentat-suicide perpétré par Al Qaïda le 9 septembre 2001. Plusieurs représentants militaires iront rendre hommage à ce grand chef de guerre, en se recueillant sur son tombeau situé dans la vallée du Panchir, au nord de l'Afghanistan.
La FIAS participe enfin à des actions d’aide humanitaire. Elle construit des infrastructures scolaires, distribue du matériel et des fournitures aux élèves et dispense de l’aide médicale gratuite (AMG), principalement dans des camps de réfugiés (plusieurs centaines de milliers de personnes ont été déplacées dans le pays). Au plus près de la population, l’armée s’illustre dans des missions qui tranchent avec sa traditionnelle image guerrière.
Kaboul, gloire et décadence d‘une ville chargée d’histoire
Située au Nord-Est du pays, Kaboul est surplombée par d’imposantes montagnes et traversée par le fleuve Kaboul, qui lui a donné son nom. Elle est comme prise en étau entre des paysages quasi désertiques et de grandes étendues vertes. Ville au riche passé historique – elle fut la capitale provinciale de l'empire moghol au XVIe siècle et devint la capitale du royaume d'Afghanistan à la fin du XVIIIe siècle –, Kaboul incarne la gloire et la décadence de plusieurs siècles de civilisation afghane.
Si la capitale compte d’importants monuments architecturaux (forteresse de Bala Hissar, jardins de Babur, palais présidentiel de Kaboul, palais Tajbeg), nombre d’entre eux ont été endommagés voire détruits par les conflits qui ont rythmé l’histoire contemporaine du pays. C’est le cas notamment du palais Duraman, ancienne résidence du roi Mohammad Zaher Shah qui régna sur l’Afghanistan de 1933 à 1973, aujourd’hui en ruines. Hormis ces grands ensembles architecturaux debout ou en ruine, la ville est constituée d’un gigantesque dédale de bâtiments beiges et gris, uniformes et minimalistes. De nombreuses constructions criblées d’impacts de balles viennent rappeler la violence endémique qui règne dans la ville depuis la fin des années 1970.
Malgré l’instabilité politique du pays et les conditions de vie précaires des habitants, la vie continue tant bien que mal dans les rues de Kaboul. C’est une multitude de scènes pittoresques qui s’offrent aux yeux des soldats présents sur place : des enfants qui étudient dans une école assis sur des tapis, d’autres qui font une bataille de boules de neige à l’extérieur, des jeunes bergers qui surveillent leurs troupeaux et même un homme qui fait sa toilette dans un ruisseau. Au milieu de la poussière et des gravats surgit parfois un vêtement particulièrement éclatant, apportant un peu de couleur à cet univers baigné par la grisaille. Une grisaille qui, vingt ans plus tard, n’a toujours pas fini de se dissiper.
Pour aller plus loin
Découvrez également sur le site de l'ECPAD le focus consacré à l'opération Héraclès, lancée en Afghanistan quelques mois avant Pamir, ainsi que toutes les photos de l'opération Pamir.
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