Les hôpitaux de l’arrière de la Grande Guerre
Débordé par le nombre de blessés d’un type nouveau pendant la Première Guerre mondiale, le Service de santé des armées réquisitionne rapidement établissements et édifices publics ou privés pour y transférer les malades et les mutilés, regroupés par type de pathologie. Abbayes, écoles, fermes ou musées et autres établissements patrimoniaux parfois insolites, sont réorganisés pour accueillir soignés et soignants.
Dès le début de la guerre, le règlement militaire de 1910 qui régit l’organisation du Service de santé en cas de conflit armé, apparaît dépassé et obsolète. Ce dernier doit s’adapter à une guerre d’un genre nouveau entraînant un afflux massif de blessés dont la gravité des blessures est sans commune mesure avec les conflits précédents. L’équipement du combattant évolue pour mieux le protéger (abandon du pantalon rouge garance au profit du bleu horizon et adoption du casque Adrian en 1915). L’évacuation des blessés est revue, de manière à les prendre en charge le plus vite possible. Face au déferlement de blessés dans les hôpitaux militaires comme le Val-de-Grâce, des installations sanitaires sont montées dans des bâtiments divers et parfois inattendus.
Les blessés ou malades sont pris en charge dans des hôpitaux installés dans des établissements scolaires, des édifices religieux (chapelles, couvents, abbayes, églises), des châteaux, des lieux dévolus au tourisme et au loisir en temps de paix (hôtels, casinos), des casernes, des sanatoriums et même, parfois, chez des particuliers. Beaucoup d’hôpitaux sont spécifiques à certaines maladies comme la tuberculose, dont le traitement en plein air, souvent à la campagne, donne l’impression que les soldats sont en villégiature plutôt qu’en rémission. Les blessures les plus graves, telles que celles des mutilés, sont prises en charge dans des établissements dédiés où une rééducation médicale, voire professionnelle, est prodiguée aux blessés. Les combattants étrangers sont soignés dans des hôpitaux réservés. Les soldats des troupes coloniales sont quant à eux séparés des métropolitains et soignés dans des lieux censés leur rappeler leurs origines extra-européennes, comme à Nogent-sur-Seine où l’hôpital est installé dans le Jardin colonial.